Sarāb
Arwāh hurra
François Saddi
Âmes libres (Arwāh hurra en arabe), titre de ce très superbe et second album du groupe, conjugue en toute liberté mélodies d’inspiration traditionnelles et contemporaines avec un jazz électrique tour à tour délicat, subtil ou furieusement débridé !
Le groupe, né de la rencontre il y a quelques années entre la chanteuse franco syrienne Climène Zarkan et le guitariste Baptiste Ferrandis, est aujourd’hui formé, outre ses 2 créateurs, de 4 autres musiciens : Robinson Khoury (trombone, voix), Thibault Gomez (claviers, voix), Timothée Robert (basse) et Paul Berne (batterie, voix). Ils sont rejoints pour quelques titres par A. Abozekry (saz, voix), W. Hallal (percussions), J. Boittin (trombone basse), A. Bourguignon (trompette, bugle), B Zarkan (compositeur), ainsi que par l’écrivain de SF Alain Damasio (La horde du Contrevent, La zone du dehors…).
Les arrangements, reflets des diverses personnalités musicales au sein du sextet sont construit à la fois verticalement, à l’occidentale, en un contrepoint joliment élaboré, aux guitare et claviers, et horizontalement comme le sont la plupart des musiques traditionnelles, arabes notamment, avec le duo mélodique souvent à l’unisson ou en parallèle chant/trombone. Cela sonne jazz, rock, pop, et simultanément nourri de traditions du Moyen-Orient ou d’ailleurs, comme l’Ethiopie avec l’introduction de "Lilith’Samaii". On peut aussi savourer la polyphonie vocale très contemporaine de "Choral", témoignant de la technique sans faille des musiciens du groupe.
La plupart des titres (d’une durée de 5’ en moyenne) forment en eux-mêmes des petits récits construits de plusieurs parties, sorte de mini concertos élaborés soigneusement, comme le titre "Nahnu Haraq" (étranger est un verbe) avec Alain Damasio :
Les textes enfin, malheureusement non traduits, sont engagés et abordent diverses questions que ce soit l’altérité, les fractures sociales ou l’amour.
C’est un très bel album, exigeant, bien loin au premier abord des musiques traditionnelles, et en même temps… Mais ô combien passionnant, bravo !