Jean-Luc Thomas & Gab Faure
Gwiad
François Saddi
Voilà 2 musiciens voyageurs qui donnent corps au chemin qu’ils parcourent ensemble depuis quelques temps avec ce joli tissage (gwiad en Breton) qui fleure bon les terres d’ici et d’ailleurs, le blé noir et l’improvisation !
Le premier, le flûtiste Jean-Luc Thomas, arpente le monde depuis une trentaine d’années, de la Bretagne au Niger et passant par l’Inde, l’Irlande, le Brésil… Entretissant ses propres compositions et sa culture d’origine avec celles de musiciens traditionnels de ces divers pays, donnant ainsi naissance à de magnifiques projets et de disques itou, comme pour n’en citer que le dernier en date, "Kerlaveo" avec des musiciens brésiliens en 2018. On l’a aussi vu et entendu avec divers musiciens de jazz, en groupe ou en duo comme celui, sublime, en 2012 avec Michel Godard, "La belle femme qui pleure". Et puis il y a eu aussi en 2017 la création pour Zingaro sur le spectacle "Ex Anima", et puis son tout dernier CD en solo, "Oficina Itinerante" en 2019, et puis…
Le second, le violoniste Gabriel Faure, cabote de la Bretagne aux Balkans via l’Irlande et les rives orientales de la méditerranée, le Maroc, l’Algérie, la Turquie, Israël… Lui aussi multiplie les rencontres sous diverses formules avec nombre de musiciens traditionnels depuis une bonne quinzaine d’années, Moltaka (Gnaoua), Pevarlamm (Bretagne)… ou encore le Jack Danielle’s Street Band (Bluegrass).
Le duo accueille pour quelques titres de ce magnifique album 3 invités : David "Hopi" Hopkins (bodhrán, cajón), Marcelo Costa (pandeiro) et Patrycja Betley (handpan). Constitué essentiellement de compositions, le disque s’ouvre sur une suite d’hanter dro signées par Jean-Luc Thomas et pour lesquelles il joue d’une traversière accordée sur un tempérament ancien, superbe ! S’ensuivent 2 titres cette fois-ci signés de Gab Faure : la 1ère virevolte joyeusement en référence à un voyage récent en Lituanie, la seconde étant une belle ballade délicieusement nostalgique, l’"Air à faire revenir la mariée".
A la suite viennent tout d’abord une suite de jigs dont la première est écrite dans un mode éthiopien et la seconde signée de l’accordéoniste québécoise Marie-Jeanne Brousseau, puis une suite de thèmes soudanais joliment revisités par les 2 musiciens. On enchaîne alors avec une suite de compositions de musiciens du nord-est du Brésil, un air somptueux du moldave Gheorghe Banariuc, "În drum spre casă" que la flûte conduit sur un tapis d’arpèges au violon, une suite de reels et enfin, pour clore plus gravement ce très bel opus, la "Waltz For Ukraine" signée de la percussionniste polonaise Patrycja Betley qui joue ici du hang. Vous l’aurez compris, je craque, ce disque est un petit bonheur à partager illico !
