HAMON MARTIN QUINTET
et si l'idée coulait de source
Philippe Cousin
Ils ne nous avaient pas offert d'album depuis 2019 avec l'excellent "Clameurs". Cinq ans plus tard le Hamon Martin Quintet est de retour avec "et si l'idée coulait de source", un superbe album de dix titres, dix airs à danser évidemment puisque l'animation des festoù-noz occupe une partie de leur activité musicale.
La formation du pays de Redon fête avec ce nouvel opus, ses vingt ans de carrière et de scènes. Un paquet d'années qui les a vus enregistrer pas moins de six albums en quintet ainsi que précédemment, quelques autres en quartet et en duo. Pour ce septième album, le quintet a choisi de revisiter un répertoire destiné à la danse. On y croise laridés, rond de Saint-Vincent, ridées de Guillac, an dro, mazurka, bal et rond paludier, pilé-menu... rien que du très bon. Mais fidèles à un esprit novateur et une forme affirmée d'engagement, ils nous proposent des textes contemporains qui vont ainsi à la rencontre de l'univers des musiques traditionnelles. Une fois encore donc, ce nouvel album œuvre en faveur de la justice sociétale et environnementale. "et si l'idée coulait de source" est là pour le prouver, qui prend pour cible les méga-bassines de Sainte-Soline qui ont donné lieu à des manifestations. Ce texte écrit par la violoniste Julie Bonnafont, mêle habilement poésie pleine de bon sens avec des paroles percutantes abordant des enjeux environnementaux.
Pour l'album, le groupe a fait appel à quelques autres auteurs contemporains. Denis Flageul, parolier du spectacle Kharoub pour "L'histoire de ma vie" ou le regretté Gilbert Bourdin (Les Ours du Scorff) sur "Les pommes dans le poirier". Et encore Melaine Favennec à qui ils ont emprunté le magnifique "Au gui l'an neuf" (titre de 1978), un chant énumératif qui vous entraîne dans une transe parlée et chantée, avec toujours l'attachement au terreau fertile de la Haute Bretagne. Également présents, deux poèmes de Paul Fort, "Quand le froid vient me saisir" et "Où donc est ma peine", mis en musique par ces cinq brillants musiciens. Et puis un très beau texte, très poignant, de l'écrivain ouzbek Abanday Tajimuratov, "Aydinlar" sur l'assèchement de la mer d'Aral. A noter un rond de Saint-Vincent "Vingt-sept à la dizaine", une suite de dizaines qui poursuit une course folle.
Tous ces textes sont fort agréablement servis par des arrangements d'Erwan Hamon ou Janick Martin. En vingt-trois de carrière, si l'on y inclut la formule précédente en quartet, ces musiciens et chanteur de talent se sont forgés un langage musical particulier qui a su puiser à la fois à la tradition et au monde contemporain qui les entoure. Une fois encore une véritable réussite.
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