Bao Sissoko, Mola Sylla, Wouter Vandenabeele

Mola a quitté le Sénégal pour la Hollande tandis que Bao Sissoko s’est installé à Bruxelles. Il joint sa kora au jeu de xalam et de kalimba de Mola Sylla dont la voix reste un atout majeur de cet album fort. Wouter Vandenabeele est un violoniste flamand très actif (certains se souviennent peut-être encore du groupe Ambrozijn ?) qui, sans la moindre prétention, vient donner des coups d’archet ou de pizzicati, question d’épaissir délicatement cette musique sénégalaise ouverte sur le monde. Le titre du disque « Tamala » signifie « voyageurs ». Voyage, comme ils le disent eux-mêmes, entre nord et sud, entre tradition et innovation, entre rêve et réalité. Cet album tout en cordes, en nuances et en puissance vocale, nous fait en effet nous mouvoir et émouvoir de réflexion en réflexion, de paysage en paysage. A la recherche d’un équilibre que les humains ont bien du mal à trouver. On essaie de gommer les traces de l’esclavage, de penser à l’environnement, à la famille, à l’éducation, à l’amour, à la beauté des traditions pastorales. Le tout avec ce rythme naturel d’une Afrique qui se décline sur la même cadence que ces grands troupeaux conduits par les Peuls ou que ces gens qui déambulent, tout de blanc habillés, devant les mouvements réguliers de la mer de Malika. Une profonde poésie se dégage quasi mélancoliquement de ces compositions partagées par les trois musiciens qui, manifestement, se sont écoutés avant de se prétendre capables de jouer en trio. Un disque d’une fraîcheur suave dont n’est pourtant jamais absente une gravité qui vaut mille de nos colères.

 (Muziekpublique 09) www.muziekpublique.be