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Des mondes de musiques

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Tommy Peoples

Disparition d’un maître du fiddle irlandais.

Philippe Cousin

2018 est décidément une bien mauvaise année pour la musique traditionnelle irlandaise puisqu’après avoir dit adieu à Liam O’Flynn en mars, c’est le célèbre fiddler Tommy Peoples qui a tiré sa révérence le 4 août dernier.

Avec lui la musique traditionnelle a perdu l’un de ses violonistes les plus vénérés et l’un de ses plus grands défenseurs. Ses très nombreuses compositions d’une musique enracinée et émouvante ont touché une corde sensible chez tous les musiciens, les chanteurs et les auditeurs d’Irlande et plus largement du monde musical.

Né en 1948 à Letterkenny, la ville principale du Donegal, Tommy a grandi à St Johnston petit village dans l’est du comté.

Tout le monde jouait de la musique des deux côtés de sa famille et c’est à l’âge de sept ans que Tommy débute l’étude du fiddle auprès d’un cousin plus âgé, Joe Cassidy, qui avait lui-même appris à jouer par leur grand-père, Jimmy Peoples. A l’adolescence Tommy était déjà un habitué des sessions de Letterkenny, fréquentant des musiciens plus expérimentés afin d’apprendre à la fois leur répertoire et leur technique.

Dans les années 60 il déménage à Dublin où il devient membre de la Garda Síochána, autrement dit il est policier durant quelques années. A la fin des années 60 il joue avec le Green Linnet Céilí Band. C’est aussi à Dublin qu’il participe aux fameuses sessions de musique du pub O’Donoghue’s, où son répertoire et son style de jeu font sensation. Dans ce pub ainsi qu’au Slattery’s, Tommy croise quelques-uns de ceux qui allaient devenir des figures de la musique irlandaise ; Matt Molloy, Seán Keane ou Liam O’Flynn.

Au début des années 70, il déménage dans le Co. Clare où il épouse Maria Linnane, fille de la pianiste Kitty Linnane, leader du Kilfenora Céilí Band, groupe le plus ancien et le plus connu d’Irlande et dont Tommy devient un membre occasionnel. C’est là, à Toonagh, qu’il élève ses cinq enfants dont plusieurs d’entre eux deviendront également musiciens.

Tommy a joué un rôle déterminant dans le revival de la musique traditionnelle irlandaise et il a très vite été membre du Bothy Band, formé en 1975 par Dónal Lunny. Lorsque le premier violoniste Paddy Glackin quitte le groupe qui est passé à plein temps, c’est Tommy Peoples qui le remplace. Au sein de Bothy band il retrouve Matt Molloy et leur collaboration étroite avec Paddy Keenan apporte à la fois dynamisme et énergie à la musique du groupe. Il n’est pas vain d’affirmer que Bothy Band a eu un impact énorme sur la façon dont la musique traditionnelle irlandaise a été interprétée depuis lors, le style de fiddle particulier de Tommy jouant un rôle clé dans le son des débuts du groupe.

Au début des années 2000, Tommy s’installe à Boston pour une courte période et fait de nombreuses tournées aux États-Unis et au Canada. Il a, là encore, un énorme impact sur le public qui est captivé par la grâce de sa musique.

Tommy Peoples a été le premier musicien irlandais à recevoir le prix Gradam Ceoil TG4 (récompense musicale de la chaine de TV irlandophone) du musicien traditionnel de l’année en 1998 et en 2013, nouveau prix Gradam Ceoil, cette fois en tant que compositeur de l’année.

En 2010 Tommy a également été élu membre de l’Aosdána – Académie des Arts d’Irlande – et lors de sa première assemblée générale, il a vu ses collègues faire la queue pour lui rendre hommage.

Après son retour il y a quelques années dans son Donegal natal, Tommy est devenu musicien traditionnel en résidence au Balor Arts Centre à Ballyboffey.

Tommy Peoples composait ses airs en utilisant la notation écrite, ce qui est très inhabituel dans la tradition orale. Mais cela ne l’a jamais contraint lorsqu’il s’agissait de les jouer. Ainsi en une fraction de seconde, il pouvait donner à l’air une direction inattendue et en toute confiance. Ce qui est la marque d’un maître en la matière.

En 2015 il a publié Ó Am go hAm – From Time to Time : Tutor, Texts and Tunes qui contient des notations complètes pour 130 mélodies originales ainsi que des souvenirs picaresques de sa vie, des personnages, des événements, des lieux et des rencontres au cours d’une vie variée.

Bien que son jeu soit clairement enraciné dans le Donegal, Tommy a joué dans un style austère qui lui était propre et dans lequel il n’y avait pas de place pour l’ego. Il a pris la musique, l’a décortiquée et l’a réassemblée, tout en conservant son essence et en l’imprégnant d’une humanité et d’une créativité profondes.

Pendant de très nombreuses années Tommy a enseigné à l’école d’été Scoil Samhraidh Willie Clancy à Miltown Malbay dans le Co. Clare. C’est là qu’en juillet dernier, bien que déjà très malade, il a assisté à un hommage qui lui a été rendu en reconnaissance de son rôle de « moteur de la grande renaissance de l’intérêt pour la musique dans la seconde moitié du XXème siècle ».

Son immense héritage se perpétue dans son magnifique répertoire, dans ses enregistrements et dans la musique de sa fille Siobhán, qui a hérité de l’intégrité de son père et de sa capacité à créer des œuvres d’une incroyable beauté.

Album avec Bothy Band:

- The Bothy Band (1975)

Album avec Matt Molloy et Paul Brady:

- A Mighty Session - Matt Molloy, Paul Brady and Tommy Peoples (1977)

Albums solo:

- An Exciting Session with One of Ireland's Leading Traditional Fiddlers (1976)

- The High Part of the Road (1976) 

- A Traditional Experience with Tommy Peoples: A Master Irish Traditional Fiddle

Player (1976)

- The Iron Man (1985)

- Fiddler's Fancy: Fifty Irish Fiddle Tunes Collected and Performed by the Irish Fiddle

Legend (1986)

- Traditional Irish Music Played on the Fiddle (1993 mais enregistré en 1982)

- The Quiet Glen/An Gleann Ciuin (1998)

- Waiting for a Call (2003)

- Tommy Peoples: Recorded at Fiddler’s Hearth (2016)

 

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