Droit de réponse
André Ricros à l'article : À propos de Benoît Amadieu (1804-1877)
André Ricros Le 13 février 2019
Bonjour,
Ce qui va suivre n’a pas pour objectif d’entretenir une polémique vaine mais simplement la volonté de clarifier quelques points afin d’éviter à l’avenir que se mélange des positions liées à la recherche sur le sujet qu’est la cabrette, avec des aprioris liés aux personnes.
Comme je l’ai indiqué en préambule à ce travail de synthèse il recouvre des décennies de recherches. Ces mêmes recherches furent conduites par des dizaines de personnes ayant apporté, ici un instrument d’un facteur inconnu, ici une photographie, et là un témoignage. Sans eux ce travail n’aurait pas pu être réalisé.
Concernant les travaux d’Agnès Unterberger, Brice Bécamel et Fabrice Lenormand (CLIC), je réitère mon admiration pour ce qu’ils ont apportés au domaine (voir page 389 – 3ème chapitre). Ils ont accompli un travail de passionnés venant le plus souvent en complémentarité avec des travaux conduis en d’autre temps pas les collecteur de ma génération et moi-même.
En 2015 alors que j’allais prendre ma retraite, il m’était apparu important de compiler les connaissances acquises pour qu’en 2017 cette publication puisse voir le jour. Cette photographie à l’instant T sur un aussi vaste sujet, entraine inévitablement pour beaucoup de fabricants de cabrettes nés au 19ème siècle de nombreux manques, pour lesquels j’invite les générations montantes à se charger de combler ce vide.
A n’en pas douter des erreurs ayant pu se glisser dans cet ouvrage devront être réparées car le poids de l’oralité et la croyance aveugle dans les documents d’archives peuvent nous avoir conduis sur de fausses pistes. Ce livre consacré à la cabrette est un marqueur, un état des lieux à un moment donné (fin 2017) et bien entendu, il se doit d’être complété et amandé. (Exemple : en 2018, nous avons trouvé un bourdon signé J. Grandjon Breveté – Paris – l’Histoire continue).
De plus, des corrections seront à apporter afin que la vérité historique triomphe de nos passions et de nos fantasmes, qui parfois nous ont aveuglés. J’en veux pour preuve mon travail sur Antoine Bouscatel où je m’apprêtais à faire l’éloge d’un musicien inspiré particulièrement doué, en n’imaginant pas un instant qu’il ait pu avoir une autre vie que celle d’un artiste virtuose, si René Saget ne m’avait révélé sa part d’ombre. En effet, sa vie de seigneur de la nuit l’avait entraîné dans un commerce parallèle où il était devenu comme d’autres de ses collègues, un proxénète parisien. (Voir les films réalisés au domicile de René Saget où il m’explique ce type d’activité. Films consultables à l’AMTA de Riom).
Ainsi je réitère mon propos laissé ici ou là, tout au long de cet ouvrage, où je formule ma volonté de voir d’autres chercheurs prolonger nos travaux. Nombres d’informations rassemblées sur tel ou tel facteur sont incomplètes, que ce soit pour Auguste, Besombes, Bordelais, Breuil, Guerrier, Lanié, Mestre, Pradal et bien d’autres. Comme vous pouvez le constater la tâche est immense et à chaque fois signalée dans la présentation de chaque facteur natif du 19ème siècle dont des instruments nous sont parvenus.
Les positions que j’ai prises et pouvant remettre en cause quelques certitudes acquises par d’autres ne le furent uniquement lorsque le doute prenait une forme d’évidence. Ma part de subjectivité n’est certe pas étrangère à mes choix, mais je ne pouvais pas faire autrement que d’agir ainsi et en toute conscience. Ce fut le cas pour Amadieu, ayant dès le début des années 80 trouvé sa trace sans jamais y croire vraiment. Je n’évacue pas la possibilité d’avoir tord et suis absolument disposé à changer d’avis dès que les arguments avancés seront irréfutables. Sachant que je n’ai pas la moindre velléité à poursuivre ces travaux, consacrant mon temps à d’autres loisirs, je suis disposé à confier l’ensemble de mes fonds, tous documents confondus, à ceux qui désireraient prolonger ces recherches. C’est avec un plaisir véritable que je réaliserai ce transfert. Il y a un temps pour tout. De plus, mon plaisir serait d’autant plus grand s’il m’était donné de rencontrer et de pouvoir discuter avec ceux qui poursuivent ce travail avec autant de passion. Parmi les trois personnes citées plus haut, Agnès Unterberger, Brice Bécamel et Fabrice Lenormand, j’avoue ne connaître que Fabrice Lenormand et reconnais en lui un véritable talent de musicien et de chercheur. Quant aux deux autres personnes au-delà du respect que j’ai pour leurs travaux de recherche, je ne les ai jamais rencontrés et serai heureux de les croiser, leur confier mes documents et aborder ce qui nous sépare et nous rassemble.
A ce propos, je les incite à réaliser un travail sur les facteurs de cabrette nés au 20ème siècle, suite logique de l’ouvrage consacré à ceux du 19ème siècle. Cette demande me fut adressée, et comme j’ai décliné cette proposition, je suis disposé à confier à cette même équipe ce que j’ai recueilli sur le sujet.
Je vous salue une fois encore pour vos travaux et soyez persuadés de l’estime que je vous porte, car trop peu de personnes se penchent sur ce domaine de recherche et les énigmes qu’il renferme.
Dans son silence, celui de ces origines, la cabrette fait étonnamment couler beaucoup d’encre sur du papier.
Bien à vous.