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Des mondes de musiques

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Nicolas Gérardin

Le souffle québécois dans une musette

Philippe Krümm - Nicolas Gérardin avec une cornemuse suédoise de Jean-Sébastien Dufour - Photo ouverture : Vicky Michaud.

Il y a quand même peu de joueurs de cornemuses du centre France au Québec. Avec sa taille avoisinant les 78 pouces, il est un musicien passionné, facile à repérer lors du festival Chants de Vielles, pour pouvoir lui demander : « Comment devient-on cornemuseux dans la belle province ? »

 

Nicolas Gérardin et sa 16 Pouces - Photo : Vicky Michaud

 

La musique arrive quand ?

Tout petit, je suis né en 71, mes parents sont des mélomanes, donc ils écoutaient autant Mozart que Mont-Joia, Alan Stivell, que Brassens. À la maison, il y avait toujours de la musique.

À 6 ans, mon père m'a acheté un vinyle C’était de la musique médiévale, il y avait un peu de musique à bourdon dedans. Ça m'a plu tout de suite, après Stivell On habitait un petit village tout près de Québec.

 

Le premier instrument dans tes mains ?

Une guitare, classique. J’étais un cancre à l'école, ma mère a mis plusieurs années pour me dire que, , dans les cours de musique, la prof me sortait parce que j'apprenais les mélodies tout de suite, et après je m'ennuyais dans la classe.

 

Et aujourd'hui, tu es professeur ?

Je suis prof, mais pas de musique.

 

Que joues-tu à la guitare ?

Des trucs d'ado, les Béruriers Noirs, j’étais plutôt punk? Mais Le trad, a toujours été présent. On est trois gars, je suis l’aîné, mon frère du milieu François, s'est acheté un violon, il s'est mis à jouer du trad québécois, j'ai pris la guitare pour l’accompagner,

Nicolas Gérardin et sa 20 pouces - Photo : Vicky Michaud.

Comment viens-tu à la cornemuse ?

Je suis parti un an à Lyon. Jean Blanchard, qui était l’un des directeurs du CMTRA alors que j’y effectuais un stage dans le cadre de mes études en Conception et mise en œuvre de projets culturels allait être mon directeur musical. Il a vu mon intérêt pour la cornemuse. C'est commencé vraiment comme cela.

J'ai un ami qui m'a fait découvrir le fameux disque des Thiaulins de Lignières. Tout de suite les mélodies m’ont accroché, après, j'ai découvert les disques de Silex, entres autres. Je passe à Saint-Chartier avant de rentrer au Québec. Je n'ai pas beaucoup de sous, mais il y a un gars super sympa : Serge Durin, qui faisait des 20 pouces. Ma copine, trouvait que les 16 pouces, étaient trop aigüe. Elle m'a dit : « Une 20 pouces ou rien » .(Rires)

Serge, avait des instruments vraiment parfaits pour l’étudiants que j'étais. J’ai donc commandé une 20 pouces qui est arrivée deux plus tard. Entre-temps, je me fabriquais des cornemuses avec des pailles, avec des sacs de plastique, et des anches faites à la main, très artisanales.

J'écoute les disques de la Chavannée, j’aime les bourdons. J’ai eu beaucoup de chance, parce que ma cornemuse de Serge, fonctionnait bien, alors j'ai joué, joué, joué... Chaque année, il doit y avoir trois ou quatre jours où je ne joue pas. Sinon, je joue une demi-heure, 45 minutes par jour minimum.

Je bouffe du répertoire, je me concentre vraiment sur ces styles,  j'ai réalisé que, les musiques du Berry, d'Auvergne, du Limousin, la musique de Violoneux, tout ce répertoire, ce sont des morceaux avec des particularités qui les rendent encore plus intéressants pour moi.

 

Tu retournes de temps en temps en France ?

À peu près, une fois aux cinq ans. J'ai des bons amis là-bas, comme Philippe Beauger de La Perdrix Rouge.

Donc, quand t'es en France, c'est immersion toute la vie. Quand je viens en France c’est l’immersion totale. Depuis pas longtemps, il y a la Vielle à roue qui a pointé son nez. On l'a commandée à Sébastien Tourny, en 2018.

Elle devait arriver deux ans plus tard. Six mois plus tard, il a eu une commande annulée. Elle était disponible, à la base c'était pour mon fils. Quand il l'a reçu, il en a joué un petit peu.

Mais, en parallèle, il avait des cours de piano. Il a eu un super professeur qui lui a montré tout ce qu'il pouvait faire au piano. Gentiment mon fils m'a fait comprendre qu'il préférait jouer du piano que de la vielle ! Alors, j’ai essayé la Vielle. Cela m'a plu, parce que ça « gueule » un peu moins avec la Cornemuse (rires)

C’était un nouveau challenge passionnant, Essayer d'apprendre à l’accorder et la maintenir raccordée. Travailler sur les réglages un petit peu. La Vielle, c'est autre chose. Et puis, Chants de Vielles est arrivée dans ces années-là. C’était une belle ouverture pour l’instrument. Je me suis senti moins seul. J’avais un groupe qui s'appelait Le Breuil. C'était très chouette. On faisait une espèce de mélange des chansons traditionnelles d'ici avec les mélodies de France.

Sinon, je joue avec différents musiciens. J'ai joué avec Liette Remond, Pierre Langevin, ou Élise Gay... J'ai même fait un ou deux petits trucs avec Daniel Thenon. https://www.5planetes.com/fr/actualites/daniel-thonon. Dès que j'ai une occasion de jouer. Je fonce !

Mon rêve ce serait de jouer avec mon frangin. Il joue du violon merveilleusement, mais il déteste faire de la scène. Tout ce que je joue, il le connaît.

 

Tu vois beaucoup de groupes quand tu viens en France ?

Le plus possible, j'ai vu Super-parquet ou les groupes de Maxence Camelin, là, c'était la claque.

 

Tes musiciens références, ce seraient qui ?

Le père fondateur, c'est quand même Jean Blanchard. Parce que, les fameux disques en duo avec Éric Montbel, j’ai dû les écouter 500 fois. Et puis il y a Julien Barbance, c'est le musicien qui lors des stages à Chants de Vielles m'a le plus accroché, par son approche de l’instrument, son ouverture, son travail, son doigté, ses compositions.

Julien Barbance en concert à Chants de Vielles - Photo Vicky Michaud

 

J’ai eu également la chance lors d’un de mes voyages de voir François Lazarevitch gagner le concours à Saint-Chartier avec une marche de Bouscatel. C'était fabuleux. Il vient de la musique classique. Souvent les gens qui font de la musique classique, qui arrivent dans la musique trad, on un style un peu ampoulé, un peu coincé, mais pas lui, il a tout compris. Son jeu me plait énormément.

 François Lazarevitch - Photo DR

De nouveaux instruments ?

J'ai acheté une cabrette à Nicolas Rouzier, il y a deux ans. Une nouvelle aventure musicale commence.

 

En 2024 tu seras en France ?

Oui ! Cet été, j’enchaine les Volcaniques chez les Brayauds puis le Son Continu à Ars. Mes venues en France, sont des voyages intenses, comme on dit au Québec.

Tout ce que j'ai à préparer, c'est de la monnaie pour la buvette. (Rires)

 

 Nicolas Gérardin et son beau Tshirt Auvergnat - Photo : Vicky Michaud

 Les instruments de Nicolas Gérardin :

Mes cornemuses :

14 pouces à soufflet de Raphaël Jeannin

16 pouces modèle d’étude de Bernard Blanc, montée à soufflet par Raphaël 

20 pouces Bernard Jacquemin, hautbois Raphaël, plus hautbois supplémentaire à perce ancienne de Nicolas Galleazzi

23 pouces à perce ancienne de Nicolas Galleazzi

Petite cornemuse à anche simple pour musiques médiévales de Jean-Sébastien Dufour (Québec)

Quelques autres cornemuses de type smallpipes et gaita que je ressort de temps en temps