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Des mondes de musiques

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Naël Tripoli

L'avenir de La boha 

Texte & Photos : Philippe Krümm

« La première fois que je rencontre Naël c’était il y 8 ans, il avait 13 ans ! Il jouait de l’accordéon diatonique, on voit vite que l’on à faire à un jeune surdoué de la musique. Il comprend tout immédiatement. Il est curieux de tout, il veut toujours tout savoir sur tout, avoir les réponses avant même d’avoir posé les questions. (Rires). Naël s’est rapidement passionné pour la cornemuse landaise. Il est aujourd’hui le plus jeune facteur de boha. Il a encore des ajustements à faire sur ses instruments mais ils sont déjà d’une très belle facture. Quand on le croise avec son sourire on ne peut qu’avoir de la sympathie pour lui. Un plaisir pour moi de l’accompagner dans ses passions musicales. C’est vraiment un jeune homme qu’il va falloir suivre »  Quand on entend Alain « Kachtoun » Cadeillan : dire cela il ne nous reste qu’une chose à faire rencontrer le phénomène Naël Tripoli. Ce qui fut fait au Son Continu 2024 :

 

Rencontre avec le jeune Maître

Comment découvres-tu la cornemuse landaise ?

Par un ami qui jouait de la boha. Au début, je n'aimais pas vraiment, même très peu, même pas du tout. (Rires) C'est vraiment lors de ma rencontre avec Alain « Kachtoun » Cadeillan, que je me suis passionné pour l'instrument, jusqu'à aujourd’hui en fabriquer.

 A lire : La petite cornemuse qui monte : CLIC

Alain "Kachtoun" Cadeillan & Naël Tripoli - Le Son Continu 2024

Tu étais un passionné de musique Trad ?

J'écoutais beaucoup de jazz et je faisais de l'accordéon diatonique. J'ai démarré l’accordéon grâce à Myriam ma voisine. Elle jouait dans les repas de quartier où je trainais, j'étais môme, j’avais 10 ans. C’est aussi grâce à elle que j’ai rencontré Kachtoun, qui était un de ses amis. C'est comme ça que ça a commencé. Au départ je n'étais pas plus fan que ça, mais quand j'ai vu un des bals de Cadeillan, à l'époque il jouait avec Sébastien Cogan, ça m'a vraiment passionné. Le son, l'esthétique de l'instrument, l'univers musical, et même ses instruments bricolés... Surtout ses instruments bricolés.

Et l’accordéon ?

Je ne jouais pas de musique à l'époque, je chantonnais. Je réquisitionnais l’accordéon de ma voisine, pour faire des petites chansons, des petites comptines, ce genre de trucs. Je lui empruntais son accordéon tout le temps dans les soirées. C'était un Hohner un 2915, évidemment. Je suis passé par plein d'étapes, après je jouais sur un deux rangs et demi, puis un 3 rangs de chez Castagnari mais je suis revenu sur le 2 rangs Hohner. J'aime bien ce timbre, ce vieux son de Hohner des Années Folk.

Comment apprends-tu à jouer de la boha ?

Je suis allé très souvent chez Alain, Il m'a expliqué comment faire les ornements, les phrasés... Ma toute première cornemuse, je l'ai achetée à Robert Mata. Elle n'a pas fait long feu, parce que je l'ai disséquée pour essayer de comprendre sa fabrication. J'espère qu'il ne va pas lire ça. (Rires). J'ai étudié la conception de l’instrument, Robert Mata m'a beaucoup aidé. J’ai essayé aussi de faire des anches.  Je n'y suis pas arrivé. Là aussi, Kachtoun m'a enseigné son savoir. Ensuite je me suis fait ma propre cornemuse sur les conseils, avec l'aide du professeur K., de Robert Mata et du Conservatoire Occitan avec Pascal Petitprez, Jean-Paul Saint-Orens aussi m'a beaucoup aidé. J'ai eu la chance de croiser Claude Romero, par le biais d'un ami, Matis Marie, qui fabrique des hautbois et qui apprend avec Claude Romero. Ma première cornemuse, je l'ai faite chez moi, ce n’est pas très vieux, mais depuis il s'est passé beaucoup de choses. Ma toute première cornemuse, j’ai fait sa poche avec un sac poubelle, un 10 litres (rires). Ensuite, je m'en suis tourné une. Ma famille m’avait trouvé un vieux tour à bois, je me suis débrouillé avec ça. Depuis j'ai acheté quelques machines, un tour à métaux, des fraiseuses...

Ta famille est solidaire de cette aventure ?

Au début ils trouvaient ça un peu bizarre, toujours maintenant, mais un peu moins quand même.

Pourquoi décides-tu de te lancer en professionnel dans la fabrication des bohas ?

Après avoir fait mon premier vrai prototype : une cornemuse en sol, d’après des plans du professeur K., évidemment, très vite, de nombreuses personnes sont venus me voir en me disant : « Peux-tu m'en fabriquer une ? ». Ça m'intéressait bien. J'avais vraiment envie d’en faire d'autres, mais ça ne servait à rien d’en faire 10 000 pour moi-même. En plus j'aime bien voir les gens jouer sur mes cornemuses et qu'ils arrivent à s'exprimer avec.

 Naël Tripoli, entre deux facteur.e.s de cornemuses et de bombardes : Tudual & Rozenn Hervieux - Le Son Continu 2024

Date de création de ton entreprise ?

Aujourd'hui : le 11 juillet 2024 au Son Continu. Officiellement, depuis que j'ai eu mon numéro Siret, il y a trois mois. Maintenant le monde du trad le sait, donc pour moi, mes débuts, c’est vraiment ici au Son Continu.

Tu as rencontré des difficultés ?

La grande difficulté pour moi, ce sont les anches. J'ai eu beaucoup de mal. C'est un métier. Je pense que ne faire que des anches toute la journée, ça me rendrait fou.

As-tu une couleur pour les ligatures de tes anches ?

J'aime bien le bleu. Peut-être que ça ne les fait pas fonctionner mieux, mais j'aime bien le bleu. Je trouve ça chouette. Les anches pour moi c'est le gros boulot. Mais là, je suis en train de trouver un truc qui me satisfait. Grâce à qui ? Au Professeur K. (Rires)

Kachtoun, Paul James, Naël Tripoli - Le Son Continu 2024

Tu fabriques des cornemuses en quelles tonalités ?

Pour l'instant, je ne fais que des cornemuses en sol, avec des altérations.

La première fois que tu as entendu Perlipinpin Fòlc ? (Groupe historique dans lequel jouait Alain « Kachtoun » Cadeillan)

Je pense que c'est Myriam ma voisine qui me faisait écouter le groupe, Il y a plus de 10 ans. Déjà, à l'époque, j'avais trouvé ça super.

Tu chantes ?

Non, je ne chante pas. Kachtoun là aussi est une référence pour cette musique. J'essaie de libérer du temps pour prendre des cours de chant.

Résumons : Quels instruments pratiques-tu ?

Mon instrument principal, c'est la boha ? En deux, l'accordéon, en trois le violon... Plus un certain nombre d’autres, mais très mal (rires) comme la flûte à trois trous, l’alboka... J'ai fabriqué mon premier alboka sur les conseils incontournables de Kachtoun, pour moi c’est plus difficile à faire que les cornemuses. J'en ai fabriqué juste un pour moi. En revanche je pense que j'aimerais bien fabriquer des flûtes à trois trous. Pour l’instant je reste tranquillement sur la boha. J'essaie de faire des instruments stables.

https://naeltripoli.com/ 

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