_{Couverture du livre à venir !}

Christian ! Comment et quand tombes-tu dans la musique ?

Mon père était un grand amateur de jazz. Depuis ma plus tendre enfance il y avait du jazz qui passait à la maison. A l’adolescence j’ai tourné le dos à mon Papa pour devenir Punk. Après quelques années de déboires, je suis revenu à des musiques plus anciennes comme le rythme and blues, les vieux rocks… Puis je suis retombé dans le jazz. Après avoir bien fouillé dans le jazz, j’ai ouvert mes horizons vers les musiques du monde… Et finalement je suis arrivé au musette !

Quels étaient les musiciens de ton panthéon musical ?

Louis Armstrong dont mon père était fan. Ça a bercé mes oreilles, bien que ce soit un grand classique, on ne peut que constater que toute son œuvre est proche de la perfection. C’est toujours resté une base pour mon approche du jazz, sinon je me suis aussi intéressé aux choses plus proches du blues comme les washboard band par exemple. A côté de cela j’ai été très longtemps un inconditionnel de Lester Young ou plus moderne comme Sony Rollins. En gros de 1900 et le ragtime jusqu’au Hard-bop du milieu des années 60.

Ton premier 78t ?

Ça date de ma période punk et New Age. Vers 1980 j’ai commencé à faire des samplings. Dans le grenier j’avais trouvé des 78 t, dont un, interprété par un trompettiste belge : Gus Deloof. Je passais de 78t en 33t et pardessus je rajoutais des sons. Ce qui n’a rien à voir avec la musique que j’aime maintenant mais c’est comme cela que j’ai découvert les 78t. Finalement je me suis rendu compte qu’en les écoutants à la bonne vitesse c’étaient des musiques intéressantes. (Rires). Ma passion était née !

Tu es un grand collectionneur de jazz ?

J’ai vraiment collectionné de façon maladive, on peut le dire. Et à côté de ma collectionnite aiguë, j’étais passionné de jazz en danse. J’ai commencé à faire des claquettes, du Lindy hop. J’étais un des premiers en Belgique. Pendant 6 ans je suis allé me former à Londres et beaucoup en Suède ou je passais tous mes étés. Là, j’avais l’occasion de trainer avec toutes les vieilles gloires du Cotton Club Fayard Nicholas ou Frankie Manning, des gens de cette époque. Toutes ces années-là c’était vraiment le jazz à fond et puis après j’ai élargie mes horizons j’ai commencé à rechercher la musique congolaise et finalement un peu de tout mais en 78t. Tout sauf le CD. Sauf pour écouter les productions d’amis, par soutien, ou des morceaux anciens que je ne trouvais pas ailleurs et ça me permettait d’écouter dans la voiture.

_{Christian Van den Broeck avec et chez Robert Crumb}

Et aussi avide de  documentation ?

J’ai au départ commencé à collectionner aussi les documents papier qui tournaient autour de ces musiques, plus pour le design et les illustrations que pour l’information : Les partitions, les photos puis les vieux livres, les magazines ... J’ai commencé à écrire des petits articles pour des magazines et ma soif d’archives et de connaissances était (est) sans limites. Là, j’ai commencé vraiment à m’intéresser aux documents écrits plus que les illustrations et aujourd’hui je possède des milliers de magazines, de livres et de documents divers.

Tu te passionnes aussi pour les musiques africaines ?

C’est un peu venu par hasard. Comme j’étais sur les puces tous les jours, un ami marchand m’a demandé de lui chercher des 78t de musiques congolaises. J’ai commencé à les ramasser pour faire des échanges avec lui, après quelques centaines de disques passés à la maison, j’ai commencé à vraiment les écouter. J’ai au fil des années gardé ce que je trouvais chouette et finalement je me suis retrouvé avec près de 300 disques 78t africains alors qu’au départ ce n’était pas mon objectif. Comme je fouillais partout les gens me demandaient de trouver différentes musiques pour eux, comme je suis curieux, j’ai écouté et je devenais rapidement un concurrent direct. (Rires)

Avec quoi écoutes-tu tes 78t ?

Comme dit le proverbe du cordonnier je suis très mal chaussé. J’écoute avec du mauvais matériel usé. J’ai une platine de base avec un petit ampli. Alors que dans mes placards j’ai vraiment des supers platines des supers amplis …(Rires). Je néglige la qualité d’écoute, je cours plus après les disques que les appareils.

Comment arrive le musette dans tes quêtes ?

Au début, je travaillais avec un chercheur qui s’occupait du jazz belge : Robert Pernet. Pour lui j’ai commencé à ramasser les Gus Viseur… entres autres. Comme je collectionnais aussi le jazz manouche, je me suis forcément intéressé à Gus puis à Tony Murena et tous leurs copains.Je collectionnais surtout le swing musette. En voyant le travail fait en France par Crumb, Cravic, Krümm, je me suis dit « Ce vieux musette ce doit être intéressant sinon ils ne se passionneraient pas pour ce genre musical ». Donc j’ai commencé à tout ramasser aussi sur le musette. Sans devenir un fanatique, j’ai découvert de très belles choses. J’ai fait quelques articles sur les premiers accordéonistes qui avaient approchés le jazz comme Jean Salimbeni …Et puis je suis tombé sur des archives et je me suis dit « Non ! je ne vais pas juste faire un article… Je vais faire un livre sur le swing musette. »

_{Dominique Cravic, Rovert Crumb et Christian Van den Broeck}

Tu avais écrit et publié un livre sur un illustrateur ?

Peter de Greeve, un des plus importants illustrateurs belges qui était connu par 15 collectionneurs de partitions. Sur sa vie on ne trouvait que 10 lignes ou même la date de sa mort était floue. Tout était erroné. Avec un petit groupe de chercheurs à Bruxelles j’ai rencontré son fils qui m’a ouvert ses archives et finalement j’ai écrit un livre. J’ai aussi découvert le métier d’éditeur. Dans les années 90 j’avais fait une compilation vidéo sur tous les danseurs noirs de jazz. J’ai fait 5 volumes et j’ai aussi pour d’autres personnes participées à des rééditions en cd… Mais un livre c’était la première fois.

_{Couverture du livre réalisé par Christian Van den Broeck sur Peter De Greef}

Comment commences-tu cette grande aventure éditoriale « musette ».

C’est à cause de Dominique Cravic, que je connaissais peu, on s’était croisé il y a 20 ou 30 ans. Il savait que j’effectuais des recherches et que j’avais l’intention d’écrire un livre sur le swing musette. Il m’a contacté. Il m’a dit « Oui ! le swing musette c’est intéressant mais si tu réalisais un livre sur toute l’histoire du musette. Ce serait encore mieux. » Pour moi c’était passer de la traversée d’une mare à la nage à la traversée de la mer du nord. J’étais loin d’être un spécialiste du musette traditionnel, mais Dominique avait de la doc, des interviews et il savait qu’il n’écrirait jamais un livre. Nous nous sommes rencontrés au bon moment. Il m’a dit « Je te donne tous mes documents, mais c’est toi qui dois le faire » Je lui ai demandé un délai de réflexion. Une demi-heure après Je savais que j’allais me lancer dans ce projet. Je lui dis ok. Comme nous étions en période covid, ça tombait bien. J’étais enfermé comme tout le monde à la maison. Du coup j’ai pu me plonger dans ses archives. C’était en avril 2020. Je travaillais depuis 6 mois sur le swing musette, j’avais déjà une petite base de départ.

_{Un belle orchestre du temps du musette}

Tu te lances dans des livres, des disques, une clef USB… Toutes ces déclinaisons comment les décides-tu ?

Au départ c’était un livre en français mais rapidement je me suis dit qu’une version anglaise serait pas mal.

Des livres en français sur l’accordéon et le musette il y en a. Mais en anglais quasiment pas, donc je décide d’écrire le livre dans les deux langues. Le travail était déjà double, puis au fur et à mesure des rencontres, des archives, des collectionneurs on s’est mis à se dire qu’avec le livre il faudrait du son.

En réfléchissant j’ai pensé qu’un double album accompagnant le livre serait parfait, pour les amateurs, mais surtout pour faire découvrir le musette aux autres.

Et du coup on a décidé de faire le double album en même tant mais certains aiment les cd d’autres générations le vinyle, donc on fait des vinyles et on met le CD dedans ! Tout le monde sera content. Comme les morceaux sont assez court, on peut mettre 32 morceaux sur les vinyles et 50 morceaux sur les CD ce qui fait 18 bonus sur les CD par rapport aux vinyles. Donc : livres + vinyles + CD ! Ce serait bien de faire un coffret pour ce qui veulent l’ensemble.

Avec un autre ami Tarek Wartigue (Un ancien de la bande de Jean-Claude Averty) on a commencé à faire une discographie du musette. On a 21000 faces référencées ! Il y a aussi toute la liste des bals musettes avec les noms des musiciens qui y ont joué de 1900 à 1950 et aussi tous les labels éditeurs de musette. Il aurait fallu 300 pages, donc ce sera dans le coffret sur une clef USB.

_{Petit format}

Comment conserves-tu ta collection personnelle ?

Je n’ose pas l’avouer mais je n’ai même pas encodé tous les disques de ma collection qui grossit chaque semaine. J’encode en premier tout ce que les amis chercheurs me font passer. Dans les périodes plus calmes j’en profite pour travailler sur ma collection, mais ces périodes sont rares. (Rires.)

_{Extraits du livre à venir début mars 2023 : Les As du Musette -Des Apaches aux Zazous}

Quand est prévue la sortie de l’œuvre ?

L’écriture du livre a été terminée au mois d’aout. Je trouve toujours de nouveaux éléments mais à un moment il faut s’arrêter !

Le problème c’est tout ce qui est administratif :

Le vinyle est pressé en Belgique

Le coffret sera imprimé en en Espagne

Le livre le sera finalement en Lituanie.

Rien que la recherche des fournisseurs et des éditeurs, des distributeurs c’est un boulot à temps plein et de mon côté j’ai un travail… Faut bien manger. (Rires). J’ai aussi une « famille nombreuse » donc ce n’est pas évident de tout gérer. Heureusement je dors très peu…Et je suis Belge. (Rires). La sortie ce sera une fois tous les droits divers réglés. Cela progresse bien. Je pense de l’ensemble sera disponible pour début mars 2023.

Parle-nous du financement d’une telle aventure ?

J’ai eu des fonds par des mécènes, des amis, la famille, pour une mise de départ, somme qui a fondue très vite. Ne serait-ce ce qu’en achats de photos et autres droits divers… Et les déplacements. Des disques, des CD, un livre en deux langues, une clefs USB…le tout dans un coffret, ça a explosé toutes les prévisions. On s’est donc décidé à faire un crowdfunding via la Ulule pour pourvoir financer le tout.

Pour aller sur Ulule et commander le livre, les disques ou le coffret : CLIC.

Le 20, novembre au 20 décembre on peut faire des dons mais via cette plateforme ce sera surtout de la prévente de chaque objet ou du coffret et pour les grands amateurs ou ceux qui veulent vraiment soutenir le projet on a fait un coffret de luxe qui reprend tout avec en plus une sérigraphie signée de Robert Crumb.

 Que vas-tu faire après ?

Avant d’écrire le livre sur le musette j’étais sur une histoire du jazz en Belgique en 5 volumes. J’ai suspendu ce travail. Dans mes cartons j’ai un projet terminé mais que j’avais dû suspendre pour des raisons financières : les débuts du Rock’n Roll en Afrique qui est aussi un livre avec double CD !

Le facebook de Christian : CLIC 

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