Aller au contenu
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies notamment pour réaliser des statistiques de visites afin d’optimiser la fonctionnalité du site.
Des mondes de musiques

 En lisant avec gourmandise les articles de 5planètes.com, vous pouvez écouter Canal Breizh, en cliquant sur le logo.

 

 

 

 

 

 

 

Le Jolofbeats serait-il en train de remplacer le Mbalakh ?

L'article est paru il y a quelques mois sur le site  Music in Africa sous la plume de Lamine Ba (1)

Il nous semblait interessant à la demande de Lamin de le sortir sur 5planetes afin de parler de la réalité et des évolutions de la musique au sénégal : de la scéne pop, la scéne populaire ... Ouvrez vos yeux et vos oreilles, soyez curieux...De nombreux liens vous éclaireront.

Ça bouge fort dans la grande métropole Sénégalaise...

Rien n'est beau sans la diversité.

(1) Lamine Ba est titulaire d'une licence en lettres modernes et d'une maitrise en communication, marketing et management. Formé à "l'institue for the advancement of journalism" en Afrique du Sud, il est actuellement rédacteur en chef pour l'afrique de l'ouest de Music in Africa et collabore avec les plus grands médias sur le continent comme Radio France Internationale.

photo d'ouverture : Le duo Maabo - No Face et Mia - DR-

Le Jolofbeats serait-il en train de remplacer le Mbalakh ?

Une nouvelle scène pop est en train de s’imposer au Sénégal. Maabo, Safary, Bril, Akhlou Brick, Queen Biz, OMG sont autant d’artistes qui occupent le devant de la scène avec une nouvelle sonorité qui a désormais les faveurs du public. Ce nouveau son, les Maabo l'appellent Jolofbeats. No Face, qui constitue le duo avec sa femme Mia, est l’un des premiers beatmakers à promouvoir ce nouveau style. Plus urbain, fusionné avec d’autres influences, le Jolofbeats se rapproche plus de l’Afrobeat mais garde la trame Mbalakh.

Le nom, nous le devons à un des managers de Youssou N'Dour. No Face, à l’origine, l’avait nommé wolofbeats. C’est un manager du roi du Mbalakh qui fera remarquer au beatmaker que le terme exact devrait être « Jolof » plus englobant que « Wolof ».

Le Jolofbeats n’est pas un rythme qui concurrence le Mbalakh comme le rap à ses débuts, c’est plus une évolution, une modernisation du son Mbalakh voire du rap. Certains groupes de hip hop, à la recherche de plus de musicalité, ont vite fait de l'adopter.

Avant l’hégémonie du Mbalakh, c’est la salsa qui était jouée par la majeure partie des groupes locaux avant que Youssou N’Dour n'impose le rythme qui est aujourd'hui considéré comme LA musique sénégalaise. Cependant, il a toujours eu du mal à s'exporter. Tous les professionnels sont d’accord qu'il aurait besoin d’être simplifié pour toucher une audience internationale. Les récompenses les plus prestigieuses reçues par les artistes locaux le sont avec d’autres styles, world, folk, salsa, reggae...

Le Jolofbeats pourrait réussir là où le Mbalakh a échoué. Avec le développement des home studios, la digitalisation de la production musicale et l’avènement d’une nouvelle génération de beatmakers, la musique sénégalaise connaît une mutation accélérée. Le succès de tous ces jeunes groupes le démontre, les tubes estampillés pop urbain made in Galsen foisonnent.

Les exemples sont nombreux ; Akhlou Brick, Abiba, Nafina avec « Téré Nelaw », Mariam avec « Our Love », Suadu avec « Mariama », la rappeuse OMG avec « Koti Koti », s'y sont tous essayés avec succès. Même Wally Seck, le prince du Mbalakh, s'est essayé à ce rythme avec le titre « Faramareen » en 2017. Pour le très courru producteur et chanteur sénégalais, Bril, cette recherche de nouvelles sonorités s’adosse sur le Mbalakh :

« Le Mbalakh, c’est notre identité, mais avec les nouveaux outils à notre disposition, nous avons l’opportunité de créer à partir de ce patrimoine de nouvelles sonorités pour toucher le monde entier. C’est en quelque sorte s’enraciner pour mieux s’ouvrir, comme sont en train de le faire les Nigérians, les Tanzaniens... »

Venue du rap, avant de s’inviter sur la scène Mbalakh, Queen Biz, avec son nouvel album, Puissance 3, semble adopter cette nouvelle identité sonore qui mélange influences diverses et texture Mbalakh. Ses derniers tubes portent pour la plupart ce cachet. Pour la star sénégalaise c'est un souci d'ouverture : avec ce judicieux mix, la nouvelle génération peut prétendre aller à la conquête du marché international sans perdre sa fanbase locale.

Quant à Diss Talla, l’un des beatmakers les plus actifs de la scène locale, il faudra au moins trois choses pour asseoir définitivement une nouvelle identité musicale sénégalaise qui touche tous les publics ; d’abord partir de notre patrimoine musical, ensuite que les chanteurs expriment leurs propres identités, nul besoin de chanter ou rapper comme les Américains ou autres, enfin, que les producteurs et compositeurs s’accordent sur une structure commune qui définisse le Jolofbeats.

« C’est comme le Tiébou Dieune, notre plat national, tout le monde connaît les ingrédients de base qu’il faut pour le préparer, après chacun est libre, en respectant cette base, de le décliner »

Avec Internet, plus les majors qui reviennent s'installer sur le continent et le lancement d'une nouvelle chaîne TV Trace, comme Afrikora à Dakar, toutes les conditions semblent réunies pour que la nouvelle génération explose aux yeux du monde. Il n'appartient qu'à elle de faire preuve de créativité, de rigueur et de professionnalisme pour y arriver.