Festival Interceltique de Lorient 2021
Un bilan satisfaisant.
Philippe Cousin
Le cinquantième anniversaire du Festival Interceltique de Lorient devait être célébré en grande pompe en août 2020. Hélas, une vilaine pandémie est passée par là, obligeant les organisateurs à revoir leur copie en annulant cette édition qui se voulait historique. Qu'à cela ne tienne, ne dit-on pas que les Bretons sont des gens têtus, le cinquantième anniversaire a été quand même célébré mais avec une année de retard.
Ffran May - Photo : Philippe Cousin
C'est une édition allégée sur dix jours, qui a eu lieu du 6 au 15 août dernier. En effet 80 spectacles seulement y étaient présentés contre 200 lors de la dernière édition en 2019.
Mais cela n'a pas altéré l'enthousiasme de l'équipe organisatrice qui fait un bilan positif en dépit du contexte particulier lié à la crise sanitaire. 45.000 billets ont été vendus, contre 80.000 lors d'une édition habituelle. Malgré cela le président Lisardo Lombardia et son équipe se montrent fiers de cet "acte de résistance culturelle", qu'a représenté la tenue envers et contre tout du festival. La grande parade, qui rassemble traditionnellement plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les rues de Lorient n'a pu se tenir, contexte sanitaire oblige. Un défilé a tout de même eu lieu au stade du Moustoir, rassemblant quelques 7.000 spectateurs. Et il faut aussi parler des 3.500 spectateurs qui assistaient à la carte blanche aux Bagadoù. Pour parler encore chiffres, sachez que la rediffusion de la Nuit Interceltique 2019 sur France 3, a rassemblé 1.818.000 téléspectateurs et que cerise sur le gâteau, plus de 700.000 personnes ont surfé sur les réseaux sociaux du FIL.
Parmi les "flops" du festival, je dirais que la spontanéité musicale habituelle n'était pas vraiment au rendez-vous cette année. L'instauration du passe sanitaire étant pour beaucoup dans cette situation.De même l'espace traditionnellement dévolu au village interceltique qui accueillait la scène Bretagne, était entièrement grillagé, avec présentation du passe sanitaire obligatoire. Cela a parfois pu donner l'impression à certains d'être comme des animaux en cage (réflexion entendue plusieurs fois). De même le Quai du livre n'avait pas lieu cette année, ce qui a contribué à une ambiance parfois en demi-teinte.
Sharon Shannon - Photo Philippe Cousin
Et puis toujours à cause de cette foutue pandémie, peu de nations celtes représentées officiellement à Lorient. Seulement l'Irlande, la Galice et les Asturies. Manquaient les pays du nord : Écosse, Pays de Galles, Cornouaille, Île de Man. Et puis l'Acadie et Australie dont les représentants n'avaient pu faire le déplacement jusqu'en Bretagne. Heureusement à côté de ces "flops", beaucoup de "Tops". Et parmi eux de superbes concerts. Avec des têtes d'affiche bretonnes et internationales cela va sans dire, avec l'inévitable trio que sont Alan Stivell, Dan Ar Braz et Gilles Servat. Et Denez Prigent, Carlos Núñez ou encore Sharon Shannon et Calum Stewart, ou Youn Kamm qui présentait son spectacle Treizh Brass.
Nepell - Photo Philippe Cousin
Sylvain Quéré - Photo Philippe Cousin
Ronan Pellen - Photo Philippe Cousin
À côté des concerts de l'Espace Marine, n'oublions pas la scène Bretagne qui fut l'occasion d'applaudir des musiciens de talent et de découvrir quelques pépites qui, n'en doutons pas, sauront s'épanouir dans les années à venir. Impossible de tous les citer ici mais parmi tous ceux-ci nous en avons repéré quelques uns : Egón, 'Ndiaz, Pevarlamm, Barba Loutig, Dom DufF, le Trio Nolwenn Korbell, Morwenn Le Normand & Ronan Pinc, Brieg Guerveno, les Bléjean Brothers & Nicolas Quemener qui nous servaient une fantastique musique irlandaise, l'excellent groupe Nepell, rencontre de la chanteuse galloise Ffran May et des musiciens bretons Neven S. Kernaudour et Yann Gourvil, mon coup de cœur, ou encore Neear Nesañ, rencontre musicale entre la Bretagne et l'île de Man.
Et petit pincement au cœur durant le festival, la disparition soudaine de Jean-Pierre Pichard, mythique co-fondateur du FIL en 1971, et qui en fut le directeur de 1972 à 2007.
Jean-Pierre Pichard - Photo DR
Enfin cette cinquantième édition s'est achevée sur le changement de directeur, Lisardo cédant la place le 1er octobre prochain à Jean-Philippe Mauras, loin d'être un inconnu dans le milieu culturel breton, puisqu'en plus d'être un flûtiste de talent, il fut directeur du festival de Cornouaille durant douze années.
D'ores et déjà, le pays celte invité en 2022 est connu. Ce sera l'année des Asturies.
La passation de "pouvoir" : Lisardo/Mauras - Photo DR