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Des mondes de musiques

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ETHNOTEST XVIII

Kéké kélé Watch…(passim dans la presse revivaliste).

Épistémologix

Les liturgies revivalistes ont leurs grandes messes, rassemblements festifs qui sont un peu les jamborees du trad. S'y pressent des célébrants, des diacres, des fidèles. Chacun y apporte sa bonne humeur.

On "déguste" d'abord ("avec entrain") les produits du terroir. C'est dans une "ambiance de liesse" qu'on "savoure" la cotriade. Après quoi c'est parti pour La jument de Michaut (on prononce Michao), chanson culte dont le refrain est bientôt repris pas le public, "enthousiaste". On applaudit les chansons endiablées de Morgane Korrigan (Elodie Chaussard à l'état civil) et l'on nous précise que "la bonne humeur du band et le succès de l'émission avec Stéphane Bern dissipent les brumes". Merci à Stéphane de mettre les brumes en Bern. Qu'est-ce qu'on ferait sans lui ? Et imaginez un band de mauvaise humeur ! Ça débanderait grave dans l'osmose.

A "l'endiablé" se joint "l'échevelé" et "le groove maloya ne lâchera le public qu'à l'épuisement". On a maloya, mais on est heureux. Groovez pas ? La musique est très dansante, car elle a "un tempo d'enfer". La dompteuse – pardon, la chanteuse – "crée la danse en secouant le kayamb". Et la danse fut ! Faut du poignet pour se secouer le kayamb ! Alors qu'il y a tant de malheureux qui se le secouent chez eux sans rien créer du tout. Le public est "galvanisé", "épuisé". "Dépaysement garanti" ! Alors heureux ?

Sur le plancher, les experts invitent les novices à la danse, "qui n'a bientôt plus de secret pour personne". Normal, c'est pas compliqué, la danse quand elle est trad. Surtout avec les experts qui nous la montrent. On sait d'instinct. Et tout ça dans une "convivialité sans élitisme" (comprenez : sans exigence de qualité).

On découvre les instruments, "pour le plus grand plaisir de tous". Après quoi, retour à la buvette, pour réhydrater les danseurs, complètement déflagrés.

S'il y a un conférencier, il est toujours "passionné". Pas forcément passionnant, on nous le dirait. Et puis il y aurait des auditeurs à la conférence. On nous le dirait aussi. C'est le public qui serait passionné. Galvanisé. Tétanisé. Mais bon, une conférence, ça fait intello. Ça déflagre moins.

Notez aussi que la passion partagée sans élitisme et dans la bonne humeur n'empêche pas quand même de rappeler à la foule heureuse que Morgane Korrigan vient de sortir un nouvel album ; que Patrick Dugland est une figure majeure du clapodium à tubulure ; que Kevin Glandu a fait un tabac au festival de Poulcanastroc. Nous font rêver, les légendaires. Le groupe l'Art à Tatouille (relisez, il y a un jeu demots) est mythique. Les Viltansou divroet aussi. Entendre par là qu'ils vendent beaucoup de CD.

Musique "endiablée", danse "échevelée", "enchainements furieux", tout fulmine, ça bouillonne, ça éruptionne. J'ai du bon sabbat. Moyennant quoi les possédés n'en conservent pas moins jusqu'au bout leur bonne humeur, leur entrain, leur convivialité joyeuse. Et l'ambiance de liesse nous gratifie d'une interminable ovation finale. Une standing one, parce que "dans la troupe, y a pas de jambe de bois". Conclusion obligée : "la soirée a connu un franc succès !".

Alors cessez de rire, charmante Elvire : les scouts sont entrés dans le trad..