... Qu'il a renouvelé toute la connaissance

Qu'on avait avant lui du chant et de la danse.

Son savoir, que je crois, lui vient droit d'internet,

Il plagie beaucoup et je le dis tout net :

Hors qu'un commandement exprès du roi me vienne

De trouver ses écrits de la meilleure veine,

Je soutiendrai toujours, morbleu ! qu'ils sont mauvais

Et qu'on le tient chercheur en somme à peu de frais.

Je veux bien l'encenser de quelque autre manière,

Le déclarer courtois envers sa belle mère,

Reconnaître qu'il est bon père et bon époux,

Qu'à l'égard des vieillards il est affable et doux ;

Je dirai si l'on veut son zèle et sa prudence,

Son adresse à la paume, aux échecs, à la danse,

Tout ce qu'il vous plaira. Mais c'est un imposteur

S'il se présente à nous sous le nom de chercheur.

Chrysale :

Lui ne vous cherche pas querelle, que je sache ?

Mais il est bien en cour, c'est là ce qui vous fâche

Et laissez-moi vous dire, étant de vos amis,

Qu'on vous voit chaque jour de nouveaux ennemis.

Polémon :

Je sais que je déplais quand ainsi je proteste,

Mais je vous répondrai, paraphrasant Alceste :

Le ciel ne m'a point fait, en me donnant le jour,

Une âme compatible avec l'air de la cour.

Je ne me trouve point les vertus nécessaires

Pour incliner l'échine au niveau des lombaires.

Je ne suis, disons-le, qu'un artiste sans art,

Mais je pense à voix haute, à l'instar de Ronsard,

Qui allait son chemin et portait en écharpe

Le carquois d'un côté et de l'autre la harpe.

Chrysale :

J'entends votre propos, mais l'extrême rigueur

Qu'on voit paraitre en vous se ressent de l'aigreur.

Si Glandard de lauriers a vu sa tête ceinte,

S'attirant la faveur d'Oronte ou de Philinte,

Et de tous ceux…

Polémon :

…Non, non, brisons là, s'il vous plaît,

L'homme n'est qu'un maraud, un bélître surfait

Qui se hausse du col, se frise, se dandine,

Consultant Face book et Télémagazine

Pour savoir que penser, lui qui ne pense rien,

De la bourrée ou bien du Cercle Circassien,

Avant de pérorer sur tout ce qu'il ignore :

Plus haut que le QI le pet se fait sonore.

Libre à vous de humer les vesces d'un tel fat,

D'en trouver le fumet unique et délicat

A l'égal de l'encens qu'on respire à l'église.

Pour moi, lassé d'un monde où règne la bêtise,

Je vais chercher sur terre un endroit écarté

Où de lire Molière on ait la liberté.