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Des mondes de musiques

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Des frites et du foot !

Ou des plats régionaux et du folk ?

Etienne Bours

Dans son redoutable livre L’humanité disparaîtra, bon débarras !, Yves Paccalet (ancien « bras droit » du commandant Cousteau) écrit :

« Il (l’homme) aime le football et le fast-food : c’est dire son handicap ! ».

 

La fin du mois de juin et le début de juillet nous confirmaient ce que la Rome antique disait déjà sur la technique à employer pour flatter et endormir le bon peuple : il faut lui donner du pain et des jeux. On vit en effet les foules se rassembler sinon dans les stades, au moins aux alentours ou sur les places et autres endroits où l’effet de masse décuplait le débordement d’adrénaline dû au fait que 22 gars se dépensaient sans compter (enfin, ça reste à voir) pour que le bon peuple puisse s’exciter. On le vit également au bord des routes du tour de France où les comportements de nombre de « spectateurs » nous feront définitivement douter de l’intelligence de l’homo sapiens (que nous sommes tous évidemment !).

Alors comme ça, pour que cet homo sapiens vieux de quelque 200.000 ans s’amuse, il faut un effet de masse : la foule, le corps-à-corps, le close contact, la promiscuité… Mais il faut aussi, avant tout, une raison pour se rassembler : des jeux, du sport, des concerts, des festivals…

Et ne me faites pas dire ce que je ne dis pas. Le football et le cyclisme sont des choses (pas uniquement du sport) assez remarquables mais ce qu’on en fait est littéralement écœurant – c’est mon avis et je le partage volontiers, à défaut de partager un contact intime dans une foule en délire.

Bref, une fois passée cette folie de grands événements sportifs, on en est revenu, presque sagement, aux festivals d’été. La plupart annulés, une fois de plus, pour les raisons que l’on connaît et que l’on subit malheureusement depuis trop longtemps. L’un ou l’autre grand festival musical a quand même eu lieu dans des conditions très compliquées et avec une jauge de spectateurs très réduite : 3000 par jour pour les Vieilles Charrues, 4000 par jour tout récemment pour Esperanzah en Belgique. Mais chacun de pleurer le rassemblement massif des années d’avant le covid. Je l’ai déjà écrit il y a un an : on ne réfléchit donc pas à des alternatives ! Et bien si. Et les exemples se multiplient.

En voici deux. En Belgique, les concerts furent interdits pendant des mois. Mais les lieux de cultes étaient ouverts à certaines conditions : pas plus de quinze personnes pour une messe, avec port du masque et respect des distances. Notre talentueux guitariste Quentin Dujardin a estimé, à juste titre, que cette discrimination entre culte et culture était inadmissible.

Il a reçu l’accord d’un prêtre pour donner des concerts dans une petite église d’un beau village de Wallonie et y a convoqué des groupes de quinze personnes, décidant d’essayer de donner deux ou trois concerts de 45 minutes sur un après midi. Le public ainsi rassemblé portait le masque et respectait des distances entre chaises. Le musicien fut interrompu par la police après un titre. Concert arrêté, identités de chacun notée par la police, amendes prévues pour chaque participant : montant total de plus ou moins 12.000 euros (4000 pour Quentin, 4000 pour la personne qui a ouvert l’église et 250 pour chaque participant). Je vous passe les péripéties juridiques.

Toujours est-il qu’en quelques semaines, Quentin Dujardin a eu gain de cause, la justice reconnaissant cette discrimination entre exercice du culte et rassemblement à titre culturel ayant lieu dans les mêmes conditions sanitaires. Depuis lors, Quentin a multiplié les petits concerts dans de très belles anciennes chapelles. Ce qu’il faut en retenir c’est évidemment que nous avons là un musicien qui a osé braver les nouveaux règlements et qui a très intelligemment pointé du doigt et du plectre les absurdités de la gestion de cette crise. Et dont la démarche a abouti.

Le second exemple est français. On voit de plus en plus de concerts à taille humaine organisés dans des jardins privés. Les musiciens peuvent jouer, les gens se rassemblent, l’ambiance est conviviale, on écoute, on se parle, on rencontre musiciens et chanteurs, on ne prend pas de risque…

De Dujardin aux jardins, vous remarquerez la logique ! Mais au-delà de cette réflexion sur l’idée d’en revenir à de plus petits événements, il me semble qu’on renoue ici avec un esprit. Esprit bien différent de la superproduction, des grands rassemblements festifs dont la musique n’est bien souvent qu’un prétexte, un élément parmi d’autres. Esprit aux antipodes de cette envie de bain de foule, de cette nécessité de produire des artistes stars pour attirer une masse de spectateurs biberonnés au top 50 (et donc peut-être au CAC40). On en revient, et quelque fois on ne s’en était guère éloigné, à cet esprit qui était au cœur du mouvement folk.

Petite mise au point. On risque encore de mal me comprendre. Certains me certifient qu’ils ont la sensation de « communier » au sein d’un public de plusieurs milliers ou dizaines de milliers de spectateurs venus pour écouter les mêmes artistes. Je n’ai rien contre, je veux bien y croire et j’irai jusqu’à dire que je comprends. Souvenirs extraordinaires de certains concerts au sein d’un très large public : les Stones, les Who, Jethro Tull, Ten Years After, etc, etc (mais, à l’époque, dans des salles de 7000 personnes, jamais plus), et autres excellents moments passés dans certains grands festivals. Bien sûr. Mais j’étais sous l’emprise de la musique bien plus que dans la « communion » avec les autres spectateurs ! De toute façon, j’ai toujours préféré les épiceries de village ou de quartier aux grandes surfaces impersonnelles. Et s’il est vain et sans doute idiot de critiquer sans cesse les énormes festivals, il n’en reste pas moins qu’il est plus que jamais indispensable de rappeler les alternatives existantes ou de pousser à en imaginer de nouvelles encore possibles, si pas indispensables.

Revenons donc au mouvement folk puisque j’ai cité le mot folk si souvent mal compris, mal interprété, mal digéré. Comme le dit Philippe Krümm dans son podcast numéro 16 (à écouter sur ce site : CLIC) : « Nous sommes à la troisième génération de ce mouvement né à la fin des années 60 ». Et Philippe de nous rappeler le travail de Georges Cochevelou qui fit renaître la harpe celtique physiquement puis musicalement grâce au talent de son fils, un certain Alan ! Il cite le jeune Stivell qui en 1970, dans les notes du disque Reflets, écrivait : « Les cultures sont potentiellement égales, elles ne peuvent qu’artificiellement être rabaissées au rang de folklore musée, rejetées dans le passé. Une culture nationale, une musique, un rythme, ne sont pas de nature plus modernes que d’autres ; c’est avant tout une question d’esprit et de technique. Quelle production si au lieu d’imiter leurs cousins d’Amérique ou leurs grands-parents, les jeunes du monde se décidaient à s’exprimer ». Et Philippe Krümm d’ajouter : « On est toujours d’accord 50 ans après. Regarder le passé peut sans problème nous parler d’avenir. Ne lâchons pas les musiques populaires, elles ont besoin de nous pour se faire entendre ».

Fin des années 60, début 70, on a donc vu des musiques plus ou moins oubliées, des instruments soi-disant morts ou obsolètes, des techniques vocales, des répertoires de danses… sortir du bois. En l’occurrence ce bois était le tissu régional : les pratiques rurales, les musiques et chants des villages, des métiers, des saisons, des moments importants de la vie de ceux qui vivaient avant nous et qui « musiquaient » leur vie. On avait alors écouté du rock, beaucoup de très bon rock, de la musique pop, de la chanson, du jazz, du blues, du classique… et on s’ouvrait, mine de rien, à ce qu’on appellera plus tard les musiques du monde.

Ravi Shankar tournait déjà en Europe et certains le connaissaient sans être passé par la médiation de George Harrison (médiation à ne pas négliger pour autant – certains musiciens pop et rock furent assez précurseurs). Mais las, sans doute, d’une certaine starification des grands noms, avides de découvrir d’autres expressions, à la recherche de certaines valeurs évidentes (une société plus juste socialement) ou balbutiantes (les débuts de l’écologie)… « nous » (c’est un mouvement, je le répète) sommes allés vers les circuits courts, les productions locales, une autre façon de toucher la culture, d’écouter et de pratiquer la musique. Un retour vers un héritage négligé, vers des patrimoines locaux qui n’avaient sans doute rien à envier au fantastique déferlement des styles américains, tous absolument bouleversants. Sacré pari : oser sortir la bourrée, la gwerz, les polyphonies corses, l’accordéon diatonique, les multiples cornemuses… en face du blues ou du rock. Oser chanter en breton, en occitan, en alsacien… en face de ceux qui chantaient si bien en français et en anglais !

Et pourtant ! On aimait la musique, les musiques, mais il nous manquait quelques liens, quelques étapes. Prendre la peine de chercher les chapitres oubliés ou occultés devenait passionnant. Gallows pole de Led Zeppelin venait en fait du Gallis pole de Leadbelly, Dylan était allé puiser certains vieux airs irlandais pour alimenter ses chansons, Paul Simon a piqué Scarborough Fair à Martin Carthy qui l’avait reprise de la tradition anglaise… et ainsi de suite . Si on se donnait la peine de creuser un peu, on s’apercevait que la chanson yé-yé était un catalogue d’adaptations de titres américains très souvent folk. Citons simplement le J’entends siffler le train de Richard Anthony venant du très beau 500 miles de Hedy West. Côté français, on s’aperçut très vite qu’on avait une piètre notion folklorique et désuète des traditions régionales.

Certes Jacques Douai, Serge Kerval, Guy Béart, Yves Montand… nous avaient interprété de vieilles chansons de France mais il y manquait bien souvent l’odeur et la couleur que donnent les instruments locaux, les parlers régionaux, les versions éventuellement différentes.

Toutes choses que l’on verra surgir grâce à cet élan du début des années 70 où nombre de musiciens s’en allèrent collecter et apprendre sur le terrain ou encore étudier et façonner un répertoire dans les bibliothèques et les archives. On a déjà cité Stivell en faisant référence au podcast de P. Krümm mais la Bretagne ne fut pas la seule à nous réveiller en musique et en chanson. Le Centre France est littéralement sorti de l’oubli, du lointain, du rejet hautain de certains milieux. Jusqu’alors, l’Auvergnat était juste bon à vendre sur les trottoirs de Paris et à aborder un parler marrant dans Astérix. La ballade aussi revint sur les territoires français autant que sur les terres d’Angleterre, d’Irlande et d’Ecosse, voire même de Suède. Les origines de la chanson étaient là, aussi diversifiées que possibles, riches en histoires, en symboles, en mythes, en réalités…

 

Et ainsi de suite puisque chaque région nous donnera ses produits locaux, ses circuits courts, comme le faisait le blues pour le Mississippi, le cajun pour la Louisiane, le renouveau hongrois pour les incroyables musiques des régions de Hongrie, puis l’Italie, l’Espagne, les régions de la petite Belgique… On s’aperçut, à condition d’être attentifs, que les pays qui avaient souffert d’une dictature avaient plus de difficultés à se pencher sur les répertoires traditionnels – les nationalismes étant passé par là, le folklore avait été étatisé, mis sur un piédestal souvent figé par les officiels de la culture.

Sans oublier l’avènement parallèle et totalement évident de ce qu’on appela alors la chanson régionaliste qui se mit à éclore en maintes régions. On se mit à chanter dans toutes les langues déclarées obsolètes et l’on vit surgir de nombreux auteurs compositeurs qui ne se contentaient pas des anciennes chansons traditionnelles mais qui y trouvaient souvent une source d’inspiration. Le mouvement folk et celui de cette chanson allaient de pair. Instruments, parlers, styles, idées, démarches… plaçaient chanson et musique folk en marge des grands courants du marché de la musique. En réécoutant l’album intitulé Premières chansons de Julos Beaucarne, notre « barde wallon », album sorti en 1971 (mais pas son premier malgré le titre), je retrouve le lien évident entre tous les protagonistes de cette vague alors nouvelle. Musicalement bien sûr, mais « politiquement » aussi. Il suffit d’écouter la chanson Les bourgeois, extraite de cet album pour comprendre que ce qui se disait, chantait, jouait était bien plus qu’une petite mode de passage.

Loin de moi l’idée de refaire tout l’historique – qu’il serait pourtant bon de refaire !! – mon but est de rappeler que ces musiques dites folk n’ont pas hérité de ce terme par hasard. Souvenez-vous de la lettre de Pete Seeger présente sur ce site dans la rubrique Edito CLIC . Il l’avait écrite en 1972 pour inviter les jeunes musiciens du monde entier à créer leurs propres musiques sur base de leurs cultures respectives. Il les mettaient en garde contre cette envie de copier systématiquement les musiques américaines au point d’en arriver à une culture globale qui serait identique sur toute la planète. Son message n’était pas une invitation à faire du folklore pétrifié, muséal, mais à reprendre en leurs héritages les éléments nécessaires pour créer de nouvelles expressions originales et en prise avec leur époque. Si j’en reparle si volontiers, c’est que je viens de lire avec plaisir une interview de Brahim El Mazned[1] sur le site de Colophon : « Je comprends » dit-il «  le désir de la jeunesse d'aller vers la modernité. Nous avons tous été jeunes. Les jeunes ne veulent pas être assimilés au folklore, au passé. Évidemment, pour ceux qui pratiquent la musique, y compris les musiques modernes, je préférerais qu'ils se nourrissent de leurs traditions et les fasse évoluer ». Ce faisant, Brahim nous rappelle ce que disait déjà Pete Seeger.

Certes une cinquantaine d’années sont passées entre ces deux témoignages. Mais je suis convaincu qu’en écoutant de la musique folk (populaire tout simplement, au sens musique du peuple), nous écoutions ce qu’on appelle aujourd’hui de la world music. On était sensible à toute ouverture possible vers les expressions des peuples du monde. Pas seulement, autrement dit, les éclosions de nos régions et de nos pays, pas seulement ce tourbillon d’un mouvement passionnant qui, à l’époque, touchait surtout les États-Unis et l’Europe de l’Ouest – avec de notables exceptions comme la Hongrie. Le reste était là et ne demandait qu’à être écouté mais cette contre-culture qui nous touchait n’atteignait pas chaque rivage en même temps. Alors, on s’est mis à découvrir et apprécier ceux qui étaient venus se réfugier chez nous, fuyant un régime, une dictature, un drame. Saluons particulièrement Angélique et Photis Ionatos débarqués dans ma ville de Liège alors que j’étais étudiant. Frère et sœur maniant guitares et voix pour nous dire en finesse ce qu’ils pensent d’un monde où l’on doit fuir. Ils arrivent en 1969, ils sortent leur premier disque en 1972, ils chantent en français avant d’en revenir au grec, à la poésie de leur pays, au rebetiko même parfois pour Photis. Angélique fera une carrière d’une richesse incroyable, s’imposant comme grande chanteuse et remarquable guitariste. Elle vient, hélas de nous quitter ce mois de juillet. Il faut saluer son œuvre.

 

On découvrait aussi les musiciens chiliens et boliviens venus en Belgique et en France avec leurs superbes répertoires. On les écoutait comme on écoutait nos chanteurs et musiciens folk régionaux, assoiffés que nous étions de découverte et de compréhension. Oui le folk était une porte d’entrée vers les musiques du monde, rappelant sans cesse que le monde commence chez nous et non au-delà des frontières.

C’est pourquoi l’interview de Brahim El Mazned est important. Cet amoureux des musiques témoigne en faveur des musiques populaires, des musiques qu’il faudrait que l’on accepte telles qu’elles sont, sans vouloir les formater, les customiser. Il le dit clairement : « On a même inventé des groupes, que je trouve d'ailleurs formidables et totalement respectables. Mais n'est-ce pas aberrant d'en arriver à créer des groupes avec les enfants soldats du Sierra Leone, les femmes militaires de Guinée ou encore les handicapés de Kinshasa ? On ne peut pas supporter cela. Quand on présente un artiste occidental, on dira de lui tout simplement qu'il a appris le piano à tel âge, qu'il est né ici ou là, a suivi ou pas le conservatoire, etc. Pour les artistes africains, il y a toujours ces préjugés qui renvoient à une Afrique stéréotypée. Voilà aussi pourquoi nous devons défendre une Afrique moderne ». Le chanteur canadien Aengus Finnan (Directeur de l'association Folk Alliance Internationnal en Amérique du Nord) est très clair également lorsqu’il dit « world music is folk music ».

 C’est aussi simple que ça ! Ne faisons pas de classements séparés, essayons plutôt d’écouter toutes ces musiques populaires telles qu’elles sont, dans leur diversité. « Dans le respect des identités locales et des cultures menacées ou marginalisées », comme le disait Patrick Lavaud, directeur des Nuits Atypiques de Langon.

 

Patrick Lavaud - Photo DR

Tout cela pour dire que si le folk fut un mouvement essentiel il y a cinquante ans, son esprit est loin d’être mort. Les générations qui se succèdent et qui prennent à bras le corps des musiques ancrées dans une terre, dans une culture précise, ont l’audace et l’intelligence d’en travailler la matière pour en faire des expressions actuelles. Et c’est exactement ce que l’on entend partout à travers le monde de nos jours. Il est alors essentiel de les écouter et de les programmer sans nécessairement se soumettre aux lois du marché qui ne jugent que par l’affluence, de la même manière que l’on crie à la victoire de l’économie dès que la consommation reprend des proportions absurdes.

Dahmane El Harrachi - Photo Harcourt.

Un dernier exemple, pour la route. Et non des moindres, à la croisée des chemins : chanson arabe, world music, folk ? Dahmane El Harrachi (1926-1980), grand chanteur de chaabi algérien composa la superbe chanson Ya Rayah en 1973. Chaabi (qui signifie d’ailleurs populaire !) est un style de chanson urbaine propre à l’Algérie à partir des années 40. On chante les problèmes de la société, les tiraillements entre modernité et tradition. Cette chanson est en effet délibérément populaire. Comme une ballade, comme un folk song… Ya Rayah parle du migrant, « celui qui s’en va », un thème que l’on retrouve dans énormément de chansons à travers le monde. Dahmane El Harrachi a composé et chanté cette superbe chanson qui gagnera une seconde célébrité grâce à la version de Rachid Taha, sans oublier une autre belle version, celle de Kamel El Harrachi, fils de Dahmane. Comme dans nos répertoires dits folk, la chanson passe d’une génération à l’autre et peut changer d’identité sans perdre son âme, quitte à devenir un succès pour un autre public…

 

 

 

Oh émigrant où vas-tu? Finalement, tu dois revenir
Combien de gens ignorants ont regretté cela avant toi et moi

Combien de pays surpeuplés et de terres vides as-tu vu?
Combien de temps as-tu perdu?
Combien en as-tu encore à perdre?
Oh émigré dans le pays des autres
Sais-tu seulement ce qui se passe?
Le destin et le temps suivent leur cours, mais tu l'ignores 

Pourquoi ton cœur est si triste?
Et pourquoi restes-tu là misérable?
Les difficultés prendront fin et tu n'as plus à apprendre ou construire quoi que ce soit
Les jours ne durent pas, tout comme ta jeunesse et la mienne
Oh pauvre garçon qui a raté sa chance tel que j'ai manqué la mienne

Oh voyageur, je te donne un conseil à suivre tout de suite
Vois ce qui est dans ton intérêt avant que tu ne vendes ou achètes
Oh dormeur, tes nouvelles me parvenaient
Et ce qui t'est arrivé m'est arrivé
Ainsi, le cœur revient à son créateur, le plus Grand.

[1] Directeur artistique, depuis sa création en 2004, du Festival Timitar d'Agadir, il a fait connaître la culture amazighe dans le monde entier.
Il est élu, en 2013, membre du Conseil d’Administration du Forum of Worldwide Music Festivals (FWMF), l’un des grands réseaux internationaux de festivals de musique.
Il crée ensuite l'agence culturelle Anya qui portera le projet Visa For Music (2014), le premier marché-festival professionnel, dévolu aux chanteurs et musiciens d’Afrique et du Moyen-Orient, qui a lieu désormais chaque année en novembre à Rabat, au Maroc.