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Des mondes de musiques

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CORDIOLA

Faire sonner bourdons et chanterelles

Interview et Photos : Philippe Krümm

Fin mai à la Méaugon dans les Côtes-d’Armor se tenait la fête de la vielle en Bretagne avec une splendide exposition de vielles réalisée par Pascal Cranga et commentée par Michel Colleu, c’est vous dire si c’était du sérieux. Dans la salle, où trônaient les instruments, pour la première fois apparaissait Cordiola : une nouvelle société spécialiste des cordes pour vielles à roue ! Oui cela existe ! Nous avons même rencontré le créateur heureux de cette nouvelle aventure : Emmanuel Vrignaud.

Emmanuel Vrignaud  presentant une housse pour vielle - Le Son Continu 2024

Tu réalises un Rêve ?

Pas vraiment, je ne m’étais jamais dit, un matin en me levant : « Je serai marchand de cordes pour vielle à roue ! »

Quel est ton parcours ?

Je découvre la vielle à roue avec Arbadétorne, un groupe de musique traditionnelle vendéenne dans lequel je sévissais fin du siècle dernier. J’y jouais du violon. Le département de Vendée nous avait commandé une trentaine de concerts éducatif par an pour des scolaires. Le thème était de présenter l'instrumentarium vendéen, il fallait un vielleux, c’est tombé sur moi (Rire). Thierry Bertrand, le facteur de veuzes m'a prêté une vielle à roue d’étude, puis il m'a trouvé une belle Nigout. C’est avec cet instrument que je me suis mis plus sérieusement à travailler, mais je ne me considère pas comme un vielleux. Thierry m'a donné quelques bons conseils bien que ce ne soit pas son instrument.

Thierry Bertrand - Le Son Continu 2024

Après, j'ai côtoyé Laurent Tixier à l'époque de Yole, voilà mes quelques références. J’ai également à cette époque croisé Pascal et Marie Cranga quand on faisait des tournées en Bourgogne. J’ai transposé mon jeu de violon traditionnel sur l’instrument à archet circulaire, mon jeu de vielle n’a jamais été très orthodoxe.  Quand j’ai quitté Arbadétorne, en 2015, j'ai fait des études d'éducateur spécialisé. Je travaillais avec des enfants porteurs de handicap. L’été dernier on a croisé Marie et Pascal Cranga chez eux. Pascal disait qu'ils avaient toujours de la demande sur l'activité qu'avait Marie avant : la vente de bagagerie, d’accessoires, de cordes ... Pour la vielle.

Ce fut le déclencheur de ton projet ?

Oui, Le projet a mûri assez vite. Je me suis dit que ça pourrait être une activité qui rende des services aux musiciens traditionnels. Il n'y avait pas de site internet vraiment dédié aux fournitures pour les instruments et encore moins pour la vielle.Romain, mon conjoint est conservateur du patrimoine. Il a eu de nombreuses mutations. L’idée, était aussi d'avoir un boulot qui puisse être transposable dans n’importe quelle région de France, si Romain, venait à être de nouveau muté. Marie avait vendu son activité à Monique Naulot à la Maison de la Vielle en Normandie qui était depuis 4/5 ans, à son tour partie en retraite.

Il n'y avait plus officiellement de personnes pour vendre des cordes, des accessoires, du coton, etc. Certains luthiers le faisaient par défaut. Quand j’ai décidé de me lancer dans cette activité, je suis allé voir quelques luthiers que je connaissais pour leur dire : « Je ne veux pas vous prendre du boulot, mais j'ai ce projet... » - Ils ont tous répondu très favorablement arguant : « qu'ils n’étaient pas marchands de cordes, qu'ils avaient d’autres choses à faire que d'aller à la poste pour envoyer des commandes ».

Sébastien Tourny - Le Son Continu 2024

C'est Sébastien Tourny à la Châtre qui avait un peu pris le relais, de la Maison de la Vielle. Quand je lui ai parlé de mon projet il m'a dit, « Tu fais Ars 2024, avec Savarez ! Je suis organisateur sur le festival, mais je suis avant tout luthier donc j'ai autre chose à faire que le commerce des fournitures pour la vielle. »

Cordiola a une spécialité de fournitures pour la vielle ?

L’idée de Cordiola, ce n'est pas de se limiter à la vielle. C’est vraiment de faire un site internet autour des fournitures pour les instruments de musiques traditionnelles. Il y aura plus tard de la bagagerie aussi pour les Accordéons, les Cornemuses... J’ai parlé récemment avec Raphaël Jeannin parce qu'il n'y a pas grand-chose qui se fait aujourd'hui autour des différentes anches. Cordiola, c'est tout petit. Ça a deux mois. Je réfléchis et travaille pour l’avenir.

Raphael Jeannin - Le Son Continu 2024 

Tu es en partenariat avec un des plus gros fabricant de cordes ?

Avant me lancer, j'ai eu un rendez-vous avec Savarez, la marque française de cordes basée à Caluire-et-Cuire (69). Ils ont de nombreuses demandes mais ils ne vendent pas aux particuliers. Ils sont vraiment partie prenante dans mon histoire. J’ai un vrai partenariat avec eux. Aujourd'hui, je propose pratiquement 70 références de cordes. Ce qui est quand même un beau challenge.

Cordiola ! Combien d'heures de brainstorming pour inventer ce nom ?

Ne m'en parle pas. Déjà, ce qui a été hyper compliqué, c'est que pour le coup, contrairement au groupe de musique, je me retrouvais tout seul avec quand même les conseils de Romain. Au début, je voulais un truc un peu en latin. Mais tout ce que je trouvais était pris numériquement. C'était un peu le bazar. Je me suis dit : « Bon, ce n'est pas grave, trouvons un mot qui ne veut rien dire ». Parce que l'idée au départ, c'est quand même d'ouvrir à l'étranger. J’ai pensé à cordial, un mot avec corde, j'aimais bien. Puis je tape Cordiola sur mon ordinateur et ce mot de 8 lettres était vierge numériquement. Je me suis dit, c'est un signe. On est parti là-dessus. L’infographiste a fait un joli logo.

 

Je voulais un nom qui sonne bien dans toutes les langues, et qui ne signifie rien. L'idée, c'était que les gens disent : « Tu prends où tes cordes ? », « Chez Cordiola ». Je ne voulais pas non plus un truc orienté que sur la vielle à roue, parce-que ma volonté c’est vraiment de m’ouvrir sur d'autres instruments. On essaie de faire un site un peu ludique. J'ai pas mal investi sur l’internet.

J’ai de nombreux clients qui ne commandent pas sur le site, mais qui m'appellent en direct et qui ne savent pas vraiment ce qu'ils utilisent ! J’ai parfois de drôles d’échanges au téléphone :

« Vous employez quoi comme chanterelles ? » « C’est quoi les chanterelles ? » (rires)

On part de loin. Notre volonté c’est de faire un site facile et clair pour le grand public.  J’ai mon réseau de musiciens et de luthiers. Il y a autant de luthiers, que d'accordages et de cordes différentes, dès que j'ai des questions ils sont vraiment attentionnés, ils me répondent tout de suite. Parfois j’interroge des vielleux « techniciens » des chercheurs comme Benoît Michaud, Grégory Jolivet... J’ai fait une sorte synthèse des catalogues de Sébastien Tourny, de Monique Nolot, et de Marie Cranga. J’ai commencé avec les 70 références, c’est du standard, un peu élargi. Il y aura d'autres articles qui vont arriver, parce que certains luthiers ont des demandes de cordes particulières, 4 ou 5 nouvelles références vont entrer au catalogue. Le directeur commercial de Savarez m'a donné un listing de tout ce que les luthiers avaient acheté comme cordes lors de ces dernières années, 80% des clients prennent des cordes classiques.

Donc tu es un entrepreneur heureux ?

C’est très paradoxal parce qu'il y a des matins, tu te lèves et tu te dis : « Dans quoi je me suis lancé ? » Cela fait pile deux mois que le site est en ligne, il a une belle fréquentation, j'ai des commandes tous les jours. C'est bon signe. Les idées de développement ne me manquent pas, comme m’ouvrir sur l’étranger. La version anglaise du site va sortir dans les semaines à venir ( c'est fait le site est maintenant bilingue. ndlr). Ma volonté c'est de développer Cordiola en fonction des rencontres et des demandes. Mais je ne me lancerais pas dans les cordes pour les instruments du quatuor. Il y a assez de monde dessus. Ils n'ont pas besoin de moi. À Ars, ce qui m'angoisse, vraiment, Comme c’est une première fois, c’est que je ne sais pas du tout quoi présenter. Je n'ai pas encore le recul, je découvre ce milieu passionnant. Je vais avoir du monde sur le stand, je vais être sollicité par pas mal de musiciens, des collègues luthiers, etc. Je suis certain que ça va être quatre jours très intenses. J'ai déjà de supers retours. Facebook a fait un boulot monstrueux pour la diffusion des d'infos.

Quelles sont les principales évolutions pour ces débuts ?

Mes investissements cette année vont passer dans la fabrication des housses. Avec un super milieu de gamme. Il y a pas mal de musiciens qui ont encore des caisses en bois intransportables. L’avenir est à la housse. (Rires)

En conclusion ?

L'idée, à la base, c'est cordes, accessoires, bagageries, les accordeurs, des cotons... Sébastien Tourny, Pascal et Marie Cranga, Monique Nolot... J’ai de bons parrains et marraines, et ça c’est merveilleux.

https://www.cordiola.fr/

Emmanuel Vrignaud - Le Son Continu 2024

Depuis cet interview, Emmanuel Vrignaud à exposé au festival le Son Continu :

« Les clients furent vraiment contents de revoir un magasin spécialisé. J’ai été très bien accueilli par la profession. Ce que j’aime c’est que les musiciens viennent aussi pour des conseils : soit je peux leur répondre, soit je les oriente. C’est ce que je voulais, Cordiola comme un carrefour bien accepté dans le monde des musiques traditionnelles. Je venais de recevoir mes housses anglaises de la marque Fusion, je pensais que les noires allaient être celles qui se vendraient le mieux alors que c’est totalement équilibré entre la noir, la rouge, la bleue et la verte. Après je suis allé aussi, pour la première fois à La fête de la vielle à Anost dans le Morvan, là aussi très bel accueil : 2 jours d’exposition, comme un petit Son Continu avec étonnement un public différent.".