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Des mondes de musiques

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Charles Hortensius Émile Cros

«J’ai voulu tout voir, tout avoir. Je me suis trop hâté de vivre. »

Par Philippe Krümm

Né le 1er Octobre 1842 Fabrezan (Aude)/décédé le 9 aout 1888 Paris.

« On ne prête qu’aux riches » serait plutôt la maxime qui s’applique le mieux à Charles Cros surtout en ce qui concerne ses découvertes.

Comme le pour l’invention du « phonographe ». L’histoire retient le nom de Thomas Edison (1847/1931), qui fut certainement quelqu’un de très intelligent, mais surtout le Roi du marketing avant l’heure et qui possédait une force de frappe du à la puissance des investissements en dollars de l’époque.

Il était à l’affut de toutes les communications dans les lieux scientifiques, les facultés des pays occidentaux.

Ses émissaires sillonnaient la planète à la recherche de propositions d’inventions nouvelles que leur « maitre » pourrait » exploiter pour la gloire de l’Amérique… Et la sienne.

Le « grand  américain » su récupérer, dans un délais remarquable, les inventions de Charles Cros, mais également celles d’Henri Lioret (1848/1938).

Pour ce revendiquer le créateur du phonographe dont l’exploitation lui rapporta gloire et fortune.

En France nous avions d’authentiques «Génies, poètes et romantiques » Aux Etats Unis il avait un businessman épris de gloire …

Retour sur l’incroyable vie de Charles Cros. On ne peut être qu’unique, quand comme notre poète, on rédigea, entre autre, en 1869 un mémoire sur : « Moyens de communication avec les planétes » car il affirmait que Mars et vénus nous envoyaient des messages que nous ne savions pas déchiffrer et qui mit également au point une production artificielle (Cristallisation et coloration de l’alumine) d’améthystes, de saphirs, de rubis…

Son grand père était "professeur de belles lettres" et traducteur de Théocrite.

Charles évoque en vers ce grand père :

« Vous faisiez des vers très doux
D'après le doux Théocrite,
"L'Oaristys!". C'est de vous
Qu'en faisant ces vers, j'hérite. »

Antoine Cros, son père docteur en droit et philosophe, enseigne. Il est exclu l'Université en 1849, à cause de ses idées républicaines. Il est le précepteur de son fiston et comme ce dernier est plutôt doué et curieux ce sera : langues modernes et anciennes dont le sanskrit, les mathématiques et la musique.

Après son baccalauréat en 1859, Charles entreprend des études de médecine qu'il n'achève pas ! Il sera pendant un temps,(1860/1863), professeur de chimie à l'Institut parisien des sourds-muets.

Charles a une soeur, Henriette, et deux frères : Antoine, médecin, qu'il assiste pendant l'épidémie de choléra d’octobre 1865, et Henry, sculpteur et céramiste, grâce auquel il se liera d’amitiés avec les impressionnistes dont Manet. Ses frères et sœur seront toujours à ses cotés.

L’homme aime la vie de bohème parisienne

et côtoyer artistes, intellectuels et autres « originaux ». Il sera présent, fondateur ou animateur de nombreuses confréries, pour le moins originales comme la confrérie des Vilains Bonhommes, une dissidence des zutistes qu’il avait participé a fonder, puis il sera chez les Hydropathes.

Ce qui fera dire à un de ses amis à qui l’on posait la question « Pourquoi ce nom ?  « la société fut créée le 11octobre 1878 par Emile Goudeau. Les réunions se tiennent rue Boileau…Le nom était alors une évidence. »

« Hydropathes, chantons en cœur

La noble chanson des liqueurs. »

Charles Cros.

Il est un proche tous ceux qui fréquentent le Chat Noir (1), cabaret en vogue. Il appartiendra aussi au mouvement des « Fumistes » comme son ami et grand défenseur Alphonse Allais (1854-1905).

En 1868, il y rencontre Nina de Villard, qui devient sa maîtresse. La jeune femme reçoit dans son salon de jeunes artistes dont beaucoup se rallieront à la Commune.

Pendant le Siège de Paris, en 1870, Verlaine l'héberge. En 1871, il rencontre Rimbaud. On raconte que ce dernier Faillit le tuer en versant par amusement de l’acide sulfurique dans son verre lors d’une soirée au Chat noir. On savait s’amuser en ce temps là !!!!

En 1878, Charles Cros épouse Mary Hjardemaal. Ils auront deux fils, Guy-Charles (1879-1956) et René (1880-1898).

Assez rapidement sa santé va se ressentir de sa vie de bohème, et d’une consommation importante d’absinthe. Dés le milieu des années 1880 « sa vie part en vrac ». Son alcoolisme s'aggrave, sa femme à des problèmes de santé, et sa situation financière est déplorable. Il sera obligé de vendre tous ses livres lors d’une vente aux enchères

Il meurt un 9 août à 46 ans

Poète et écrivain un jour… Poète toujours…

Il fait ses débuts poétiques dans L'Artiste en 1869.

En 1870, de nombreux poèmes du Coffret de Santal voient le jour. En 1873 parait Une Saison en enfer .

Il collabore au Tombeau de Théophile Gautier. En 1874, il est pour un temps rédacteur en chef de La Revue du monde nouveau, et publie Le Fleuve, avec des eaux-fortes de Manet.

En 1876, il publie les Dixains réalistes,

C’est aussi cette même année, qu’il croise le chemin du comédien Coquelin cadet et commence à lui écrire des monologues.

"Grâce à ses étonnants "monologues", Charles Cros s'est taillé une place qui n'appartient qu'à lui et que personne n'a songé à lui contester. C'est peut-être dans ces monologues que le modernisme de Charles Cros éclate avec le plus d'évidence. Cependant, là encore, on peut découvrir au-delà du tumulte des mots une ombre incertaine d'inquiétude et de désespoir.

Alphonse Allais parlait de "ces monologues insensés, ces contes que Cros sait écrire et que Coquelin cadet seul sait dire".

Récités gravement par Coquelin Cadet, elles déchaînaient le rire.

Son monologue le plus connu est Le Hareng saur, qu'il récite lui-même dans des cabarets parisiens comme Le Chat noir.

Dés 1879, Charles Cros collabore à des revues comme L'Hydropathe et Le Molière, et réédite Le coffret de santal, qui lui a valu le prix Juglar.

Jusqu'à la fin de sa vie, il continue à collaborer à diverses revues, et écrit de nombreux monologues, dont certains sont publiés. Pourtant, à sa mort en 1888, la plus grande partie de son œuvre reste inédite.

C’est son fils Guy-Charles Cros qui publiera 20 ans après la mort de son père « Le collier de Griffes ». Il dira de son Père :

"La gloire d'un grand mort ne dépend pas autant qu'on le suppose du caprice des vivants. Un peu plus tôt, un peu plus tard, les noms qui méritent de survivre émergent de l'oubli pour s'ancrer dans la mémoire des hommes."

Bien plus tard ce sera Robert Desnos et Aragon qui rendront hommage au poète et à son rôle dans la littérature.

En hommage c’est son nom qui est retenu pour désigner une Académie fondée par des critiques et des spécialistes du disque attribuant chaque année des distinctions toujours très remarquées.

Les Prix du Disque de l'Académie Charles Cros verront le jour en 1947. (2)

 

Mais revenons un peu plus en détail sur la riche vie de Charles Cros. Il est un inventeur, un visionnaire.

Largement autodidacte, il partagea le goût de son temps pour le progrès et la technique :

En 1865, il projette la construction d'un télégraphe au Pérou.

Il présente à l'Exposition de 1867 un prototype de télégraphe automatique suite à ses travaux portant sur l'amélioration de la technologie du télégraphe.

La même année, il travaille à un projet de reproduction des couleurs, des formes et des mouvements. Il pressent le cinéma, une forme de « journal parlé ».

En 1869, il publie la Solution générale du problème de la photographie des couleurs qui sera à l'origine du procédé actuel de trichromie.

En 1876, il réalise ses premières épreuves de photographie en couleurs.

Mais ses plus importantes recherches portent sur le son :

Le 18 avril 1877, Charles Cros dépose le à l’académie des sciences un pli cacheté enregistré le 30 avril et ouvert le 3 décembre à sa demande.

Il s’agit d’un mémoire décrivant le principe d'un appareil de reproduction des sons.

« Son document suggère que les vibrations sonores peuvent être gravées dans du métal à l'aide d'un stylet rattaché à une membrane vibrante, et que, par la suite, en faisant glisser une pointe rattachée à une membrane sur cette gravure on parviendrait à reproduire le son initial. « 

Plus tard face au plagiat d’Edison il fit même appel aux écrits de l’abbé Le Blanc (pseudonyme car son vrai nom était : Lenoir) dans les pages scientifiques de L’hebdomadaire « la semaine du clergé » qui rédigea un long article (10 octobre 1877) dans lequel le téléphone et le phonographe de Charles Cros avaient une belle place.

« Par rapport au phonautographe (Brevet 25 Mars 1857) de Léon Scott, on passe donc, soyons technique, d’un tracé à plat à une gravure « en creux ». »

Si Cros ne donne initialement pas de nom à son appareil, il emploie par la suite le terme de “paléophone”.

Charles Cros fit ces quelques vers sur son invention (Le collier de griffes édition posthume1908)

« Comme les traits dans les camées
J’ai voulu que les voix aimées
Soient un bien, qu’on garde à jamais,

Et puissent répéter le rêve
Musical de l’heure trop brève ;

Le temps veut fuir, je le soumets… »

Malheureusement Cros démarche plusieurs « financiers » pour la réalisation de l’appareil, en vain.

Ce qui fit dire à un adepte d’Edison dans « Le phonographe expliqué à tout le monde » : « il est fâcheux que M. Ch. Cros se soit, comme on dit vulgairement, endormi sur le rôti. »

Mais si son projet ne se réalisa pas concrètement c’est par manque cruel de moyens financiers et auprès du seul mécène envisageable ce serait la conséquence du conflit de conscience de l’épouse du mécène : la duchesse de Chaulnes. Car, selon elle, “Dieu seul pouvait créer la parole et que c’était blasphémer terriblement que d’oser vouloir s’égaler à lui en essayant de faire croire à une puissance impossible.”

« Dieu avait fait gagné Edison ! »

 Thomas Edison photo DR

Alphonse Allais son ami, fidèle à sa mémoire résume bien la vie et les inventions que l’on doit à Charles Cros et non à Edison qui s’emparera aussi des trouvailles d’un autre personnage, génial inventeur aujourd’hui ignoré Henri Lioret . Même l’Allemand Emile Berliner (1851/1929), un autre précurseurs, le créateur du « Gramophone (1887) reconnaît la paternité de l’invention à Charles Cros.

Emile Berliner photo DR

 

Alphonse Allais écrit un éloge funèbre dans l’hebdomadaire

Le Chat noir du 18 août 1888.

 “Notre pauvre ami Charles Cros est mort. Le connaissant bien, je l’aimais beaucoup, et, quoique le sachant malade et affaibli depuis longtemps j’ai été douloureusement stupéfié de sa mort si brusque.

Pauvre Cros ! Je le revois encore le jour où je le rencontrai la première fois. C’était, si je ne me trompe, en 76… J’avais lu dans Le Rappel  une chronique scientifique de Victor Meunier, qui semblait un conte de fées.

Un jeune homme venait d’inventer un instrument bizarre qui enregistrait la voix humaine et même tous les autres sons, et qui non seulement en marquait les vibrations, mais reproduisait ces bruits autant de fois qu’on le voulait. L’instrument s’appelait le paléographe. La théorie en était d’une simplicité patriarcale. Le lendemain, grâce à mon ami Lorin, je connaissais Charles Cros, l’inventeur du merveilleux appareil dont M. Edison devait prendre le brevet, l’année suivante.

Charles Cros m’apparut tout de suite tel que je le connus toujours, un être miraculeusement doué à tous points de vue, poète étrangement personnel et charmeur, savant vrai, fantaisiste déconcertant, de plus ami sûr et bon. Que lui manqua-t-il pour devenir un homme arrivé, salué, décoré ? Presque rien, un peu de bourgeoisisme servile et lâche auquel sa nature d’artiste noble se refusa toujours. Il écrivit des vers superbes qui ne lui rapportèrent rien, composa en se jouant ces monologues qui firent Coquelin Cadet, eut des idées scientifiques géniales, inventa le phonographe, la photographie des couleurs, le photophone. »

 

 

 

1/ Le Chat Noir fut un cabaret créé au 84 Boulevard Rochechouard à Paris en 1881 par Rodolphe Salis,

En 1882 un journal hebdomadaire Le chat noir vit le jour pour assurer la promotion du lieu. De nombreux poètes et artistes y participèrent.

 

 

2/ Membre de l’académie dès 1978 Alain Fantapié préside aux destinées de l’Académie Charles Cros depuis 1999.

Fondée au lendemain de la guerre en 1947, l’Académie Charles Cros défend la diversité musicale, veille à la préservation de la mémoire sonore, soutient la création, le développement de carrière des artistes, l'esprit d'entreprise et le courage des éditeurs graphiques et phonographiques. A l'aube du XXIe siècle, elle se dote de nouveaux statuts et d'objectifs élargis, entreprend d'internationaliser sa composition, décide de mener désormais son action non plus une fois par an mais tout au long de l'année.

L'Académie Charles Cros, c'est aujourd'hui : Un collectif d’une centaine de spécialistes sociétaires (élus) et d’experts associés, français et étrangers, qui apportent bénévolement leur concours aux missions que s’est assignée l’Académie Charles Cros.

Ils sont répartis en 8 commissions thématiques pour la musique et la parole.

Au fil de ces dix dernières années, l’Académie Charles Cros s’est progressivement engagée dans des collaborations, sur des objectifs partagés, avec un réseau dense de partenaires, associations, festivals, lieux de scène, collectivités territoriales. Elle coopère étroitement avec la Fédération des festivals de chanson francophone.

Ce maillage permet à l’Académie Charles Cros de ne pas dissocier son soutien aux productions sonores et audiovisuelles du spectacle vivant, et de favoriser les rencontres entre les acteurs de la vie culturelle et les publics.

 

Et les grands prix de l'académie Charles Cros 70 eme du nom sont attribués pour les musiques du monde  à : CLICCLICCLIC