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Des mondes de musiques

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Bertrand Gaillard

Une vie en diatonique

Texte & photos : Philippe Krümm

À l’époque où le petit monde du trad abordait le renouveau de l’accordéon diatonique grâce aux Hohner 2915 et Erica, on commençait seulement à découvrir que dans les petites villes italiennes de Castelfidardo et Recanati, de fantastiques artisans fabriquaient depuis des dizaines d’années toutes sortes de belles boites à frissons, inspirant quelques passionnés français à se lancer dans l’aventure de la fabrication des modèles bi-sonores.

Victor Lafargue

Bertrand Gaillard fut de cette première vague et très vite ses modèles, devinrent des références dans le monde de l’accordéon. Aujourd’hui les Irlandais en sont friands. Après 45 ans d’aventures, le facteur établi aujourd’hui en Bretagne pense à la passation de son savoir-faire et il semble avoir trouvé la bonne personne.

Bertrand qui est ce jeune homme qui t’accompagne sur ton stand à Ars cette année ?

C'est Victor Lafargue, mon futur apprenti. Actuellement il se forme à l’extérieur. Je vais le prendre à l'atelier en septembre 2025. On va travailler ensemble le temps qu'il faudra pour qu'il soit prêt à prendre le relais. On s'est donné une date de démarrage, mais aucune pour la fin de sa formation, qui pourra durer plusieurs années sans problème.

Les débuts de Bertrand Gaillard, c'était quand ?

J’ai travaillé un peu au noir au commencement. Ma première exposition c’était à Saint-Chartier en 1981. J'ai payé mon entrée parce que ce n'était pas ouvert encore aux accordéons. Je suis venu au festival avec une petite table de camping et deux accordéons. Je me suis installé à côté du stand de Christian Laborie, que je connaissais, qui faisait des vielles, lui avait son entrée officielle. J'ai eu huit commandes en deux jours ! C’était parti. Je faisais classiques : des 2 rangs-8 basses, sol/do

Tu avais appris auprès de quelqu’un ?

Avec Pierry Giraud-Héraud qui était l’animateur de mon premier stage d’accordage d’accordéon, c'était en 1978 / 1979. Pierry de nos jours, continue toujours. On était trois dans ce premier atelier. J’ai bien sympathisé avec Pierry. Il avait commencé à bricoler un peu les accordéons, en essayant d'accorder, de réparer. À l’époque j'étais menuisier ébéniste. On ne pouvait acheter que des Hohner dans les magasins de musique et on ne les trouvait pas fantastiques. Alors, on s’est dit que l’on allait se fabriquer nos accordéons. À l’époque j’habitais Grenoble. J'ai fait deux premiers instruments. Des amis de Grenoble, quand ils les ont vus, m’ont demandé de leur en fabriquer. Puis ce fut le premier festival à Saint-Chartier. C'est là que j'ai décidé d'abandonner la menuiserie et l'ébénisterie pour me lancer dans la facture d'accordéons.

Et ta carrière de facteur d’accordéons se terminera au Son Continu ?

Ça se terminera pour moi, à Ars, pourquoi pas. Et ce sera Victor qui continuera la fabrication.

Reparlons de Victor. Comment l’as-tu rencontré ?

Victor est venu me voir. Il était en 1re au lycée. Il m'a dit « Je veux fabriquer des accordéons, j'aimerais bien apprendre avec toi ». Je lui ai répondu « Passe ton bac, d'abord ! ». (Rires) C'est ce qu'il a fait. Je lui ai conseillé de faire une école d'ébénisterie. Il a fait deux années. Puis il a été à l'ITEMM (Institut Technologique Européen des Métiers de la Musique) Je n'étais pas encore prêt à commencer une formation avec lui. Il n’avait pas encore toutes les compétences requises. Il s'est également formé en tournage fraisage. Il se forme vraiment très bien et utilement, avant de commencer à mes côtés l'année prochaine à l'atelier. Il a déjà passé trois fois une semaine à l’atelier. J'ai pu le tester. Ce sera un passage serein et en toute confiance.

Victor Lafargue & Bertrand Gaillard